Mon panthéon littéraire (suite)
Où Enzo finit par passer commande au restaurant
Hello ! สวัสดีครับ ! [sawadee krap]
Je dois te faire un aveu. Je souffre d'une maladie grave : je suis incapable de faire des choix.
Tout est bon pour me faire sombrer dans des tourments sans fin.
"Enzo, est-ce que tu préfères le bleu ou le rouge ?" 🤯
"Enzo, tu veux manger indien ou japonais ?"🤯
"Enzo, est-ce que tu veux vivre en Angleterre, en Irlande ou revenir en France ?"🤯
"Enzo, quelle pizza veux-tu commander ?" 🤯"Enzo, tu veux être actif ou passif ?" (oublie, ce dernier exemple n'est pas le bon) 🔁
Seul point positif (car j'essaye de voir le verre à moitié plein, même quand il est au trois quarts vide
) : à mes yeux, il n'y a pas de choix plus difficile qu'un autre.Je peine tout autant à choisir le plat principal dans un menu végétarien qu'à décider si je veux déménager à l'autre bout du monde. La différence entre "grand" et "petit" choix n'existe pas.
Je joue ma vie à chaque fois que je préfère les lasagnes au burger au Halloumi et à l'avocat.
J'ai passé les deux dernières semaines avec quatre noms en tête : Thomas Burnett Swann, Italo Calvino, David Levithan et Mervyn Peake.
La mission était simple : décider qui occupe la troisième place de mon panthéon littéraire, après Ursula K. Le Guin et Marguerite Yourcenar.
J’ai fait mon choix *deux minutes* avant de commencer la rédaction de cette newsletter.
Finalement, je vais prendre le crispy halloumi and avocado burger.
Thank you.
Thomas Burnett Swann (1928 - 1976)
J'ai un faible pour Thomas Burnett Swann, même si ça fait quelques années que je n'ai pas lu un de ses romans.
Universitaire, poète et romancier, il a une oeuvre bien plus riche que ce que l'on connait en France. Elle est unique en ce qu'elle ne suit pas les modes de son époque.
“A remarkable writer...
He writes blissfully and beautifully separated from trend and fashion;
he writes his own golden thing his own way.”
— Theodore Sturgeon, The New York Times
Juge plutôt : il écrit une fantasy mythologique, romantique et anti-épique, dont chaque texte explore une période historique différente, allant de 2500 avant notre ère (The Minikins of Yam) jusqu'à 1875 (The Goat Without Horns).
En sa compagnie, on visite aussi bien le désert brûlant d'Israël (Plus grands sont les héros) que les forêts froides et humides d'Angleterre (The Tournament of Thorns).
Très souvent, les poètes sont nos guides : Sappho dans Wolfwinter, Robert Herrick dans Will-o-the-Wisp, Thomas Chatterton dans La Forêt d'Envers-monde.
À mes yeux, il est évident que sa sensibilité est queer
.Sans trop vouloir extrapoler sur sa vie privée (mais un peu quand même), Swann était certainement homo (dans le placard jusqu'à la fin, évidemment).
Qui a lu Plus grands sont les héros n'en doutera pas. D'ailleurs, son biographe affirme qu'il s'agit-là de son “livre le plus personnel, même si Swann considérait souvent son écriture comme un moyen d'exorciser ses peurs et ses désirs”.
Exorciser ses désirs en écrivant Plus grands sont les héros, qui raconte les amours (pas très bibliques
) de David et Jonathan ? Got you.Quand on lit les histoires de Swann, on est frappé par leur modernité : l'amour est un sentiment noble qui ne connaît pas les frontières imposées arbitrairement par les hommes
. Chacun.e est libre d'aimer qui iel veut, sans jugement, sans cette culpabilité toute judéo-chrétienne qui a gâché de nombreuses vies à travers les siècles.(Imagine la réception de son oeuvre dans certains milieux conservateurs... Haters gonna hate, comme dit la chanson.)
Malheureusement, Swann est un peu tombé dans l'oubli. Moins en France d'ailleurs, grâce au travail remarquable d'André-François Ruaud et de Patrick Marcel. Petit à petit, on le redécouvre des deux côtés de l’Atlantique et on se rend compte que sa sensibilité est, en réalité, la nôtre. Grâce à cette veine romantique très moderne, Swann est un auteur du XXIè siècle.
J'espère qu'un jour, on proposera l'édition intégrale de ses romans. C'est là un de mes rêves. Il paraît que ses archives contiennent de nombreux inédits... Que ne donnerais-je pas pour pouvoir les consulter !
En attendant, il faudra que je me contente de collectionner les éditions originales...
📚 Le Démon Blanc
Le démon blanc de Fleur-Éclose est une romance gay slow-burn (trèèèèès slow-burn), en plusieurs épisodes, d'inspiration sino-romaine. Il s’agit de ma réponse à The Untamed.
Tu suis les aventures de Lao, un esclave-démon, et de Kaecilius, le neveu de l’Empereur. Le premier veut recouvrer sa liberté, le second doit retrouver sa future épouse. Les deux ne se supportent pas, mais on sait tous comment ça va finir.
La publication hebdomadaire continue. Le chapitre 3 de l’épisode 2 a été publié la semaine dernière.
Comme promis, je ne vais absolument rien spoiler (mais sache que ça me démange).
L’épisode 1 est toujours disponible sur ces deux plateformes (Wattpad | Plume d’Argent).
So long
!Enzo
Figure that one out, mais ne me casse pas la baraque.
D’ailleurs, il est intéressant de noter qu’un autre auteur queer, Steven Saylor, lui a consacré une page sur son site internet.
En fait, ces amours-là sont bibliques, vu que c’est dans la Bible qu’on les trouve.
Dans une biographie commissionnée par maman Swann, quand on n'a pas le droit de l'écrire noir sur blanc, c'est le meilleur moyen de laisser entendre que le fiston était gay.
Comme celles du genre/gender, où une femme ne peut pas aimer un autre femme, où un homme ne peut pas aimer un autre homme, etc.
Swann répond à tout cela : bullshit. Évidemment, il le fait de manière plus émouvante et poétique. (C’est moi qui suis vulgaire, pas lui).
T’as vu ce que je viens de faire ? J’ai fait court.
Rho la la, c’est un miracle. À partir de maintenant, tu peux me surnommer Enzo le Thaumaturge. 😎🧙♂️