La vue depuis les marges

Share this post

Me again

enzodaumier.substack.com

Me again

OĂč Enzo fait des miracles (si, si, je te jure)...

enzo daumier đŸłïžâ€đŸŒˆ
Aug 27, 2022
2
Share this post

Me again

enzodaumier.substack.com

Hello 👋 ! 안녕 (Annyeong) !

Il existe des miracles qui passent inaperçus, mais qui n’en sont pas moins remarquables et dignes d’émerveillement.

Non, je n’ai pas vu la Vierge, mais j’écris une deuxiĂšme newsletter en ce mois d’aoĂ»t. En tant que Docteur Ăšs Pratiques Procrastinatrices, l’idĂ©e que je puisse rĂ©aliser un projet comme celui-ci, m’y tenir sur la longue durĂ©e

1
, a de quoi me surprendre et me réjouir.

I’m in it for the long haul, baby.

L’angoisse de la newsletter blanche

Evidemment, passĂ© les premiers moments d’enthousiasme, les questionnements dĂ©barquent, les doutes s’installent, les angoisses s’enflamment, les nuits blanches s’invitent.
(Peut-ĂȘtre pas les nuits blanches dans mon cas, car je m’endors sans trop de souci, mais les doutes ! les angoisses ! C’est une vĂ©ritable torture.)

L’autre jour, gai comme un pinçon, pendant que j’écrivais ma premiĂšre newsletter depuis plus de deux ans, mon esprit fourmillait d’idĂ©es.

Picture this : Enzo en feux d’artifices, vivant 10 000 eureka à la minute. Oh la belle bleue ! Oh la belle rouge ! Paradise on Earth, et tout le tralala

2
.

A peine ai-je cliquĂ© sur “Envoyer” que la fourmiliĂšre dans ma tĂȘte s’est fait la malle. Je me suis retrouvĂ© seul avec un esprit vide.
Au loin, on pouvait entendre le vent souffler sur la lande. Des nuages sombres roulaient dans le ciel. C’était beau, mais un tantinet creepy.
Et puis, il y avait aussi cette voix grave qui se répandait en écho sans fin : What the hell am I gonna talk about in the next one

3
?

Alors, j’ai fait ce que je fais toujours en pareille circonstance : j’ai pris la fuite.

Le génie de la procrastination

AprĂšs un week-end Ă  fantasmer sur Love Mechanics, et en particulier sur le visage expressif de Wanarat Ratsameerat (surnommĂ© War, for short), j’ai dĂ©cidĂ© de ne pas penser Ă  cette newsletter et de procrastiner comme il se devait.

L’acteur de BL thaï, War. Source: @dearyinwar

Puisque je n’aime pas demeurer oisif bien longtemps, je me suis donc concentrĂ© sur un autre de mes projets : l’écriture de l’épisode 2 du DĂ©mon blanc de Fleur-Éclose.

Parler d’un projet en cours relĂšve de la gageure : pour bien en causer, il faut prendre un peu de recul, mais ce n’est pas facile quand on a la tĂȘte dans le guidon.

Et c’est ainsi que je vis mon expĂ©rience d’écriture en ce moment : la tĂȘte baissĂ©e, j’avance chaque jour un petit peu, sans penser Ă  la big picture, sans trop me demander si la qualitĂ© est au RDV (mais en priant toutes les Muses du monde pour qu’elle y soit).

Le but est d’écrire le texte ; le contrĂŽle qualitĂ© se fera Ă  la fin.

Au moment oĂč j’écris ces lignes, j’ai fini 8 chapitres, quasiment dans l’ordre de lecture, et je vais donc pouvoir commencer la publication hebdomadaire de cet Ă©pisode avant la fin du mois. (Je souhaitais prendre un peu d’avance, avoir une rĂ©serve de chapitres, au cas oĂč
)

Full disclaimer : Je fais partie d’un petit groupe d’entraide, que j’ai surnommĂ© “La Nouvelle Vague Queer”, composĂ© d’auteurices arc-en-ciel, un peu vaches quand mĂȘme, qui manient le fouet avec beaucoup de dextĂ©ritĂ©.
Constatant ma capacitĂ© illimitĂ©e Ă  procrastiner, iels m’ont imposĂ© une deadline pour commencer la publication (30 aoĂ»t).
Je ne vais pas faire mon fayot et dĂ©noncer ici leur bullying, car ce n’est pas mon genre (Ă  peine
), mais, comme iels lisent cette newsletter, je me contenterai de murmurer : YOU KNOW WHO YOU ARE !

Bref, je me soumets Ă  la pression de ce groupe et publierai dans quelques jours le prologue et le chapitre 1.

Loading...

Sur les joies d’écrire le DĂ©mon-Blanc

Tu l’auras compris : en bon Français, je sais rĂąler et chouiner (l'’écriture, c’est dur, bouhouhou).
Un jour, je finirai certainement dans la rue Ă  manifester (autre activitĂ© prisĂ©e par mes concitoyens) avec une pancarte (“Ecriture, rends-moi ma joie de vivre”).

Mais n’exagĂ©rons rien
 (dit-il)

Au fond, l’écriture, ce n’est pas dur : il suffit d’avancer mot Ă  mot. On Ă©crit une phrase, puis un paragraphe, puis un chapitre. Tu vois l’idĂ©e.

La douleur vient de notre ressenti, de nos rĂȘves, de nos ambitions - tout ce que l’on attache Ă  l’écriture, si bien qu’elle finit par ressembler Ă  une pauvre mule. On lui fait tout porter. Elle est la source de tous nos maux.

À nous Ă©couter parler, les lecteurices finissent par croire que nous sommes des masochistes.

En rĂ©alitĂ©, si on ne se pose pas trop de questions sur le comment, Ă©crire une histoire et imaginer le monde dans lequel elle s’inscrit, c’est un vĂ©ritable bonheur.

Avec le DĂ©mon-blanc, je joue constamment Ă  l’interprĂšte-traducteur entre la sphĂšre chinoise et la sphĂšre romaine : le qi est devenu le spiritus, le Yin s’est transformĂ© en Anima, le Yang en Animus.
Comme la Fantasy chinoise parle toujours de "cultivateurs"

4
pour désigner ses puissants mages, mais que les lecteurs occidentaux ne sont pas familiers avec ce terme, il m'a fallu trouver un mot "grand public" mais tout aussi vague (surtout de nos jours) : je les ai nommés "Vertueux".
(Explication logique de mon raisonnement en note de bas de page
5
)

C’est aussi une occasion en or d’aller lire, mĂȘme de maniĂšre superficielle, certains textes taoĂŻstes et bouddhistes (cĂŽtĂ© chinois), stoĂŻciens et Ă©picuriens (cĂŽtĂ© romain)

6
.

Bref, je ne connais pas d’autres activitĂ©s oĂč je peux geeker et nerder en toute libertĂ©.

Mais mĂȘme si j’aime donner une certaine Ă©paisseur intellectuelle Ă  mes histoires (ou me faire croire que cette Ă©paisseur existe) : le DĂ©mon-Blanc, c’est surtout la relation entre un esclave no-filter, qui n’en fait qu’à sa tĂȘte, et un prince coincĂ©, au premier abord infect, mais Ă  la droiture admirable.
C’est du slow-burn, comme on dirait de ce cĂŽtĂ©-ci de la Manche, mais aussi un pseudo enemies-to-lovers.

(Au fait, j’explique les ingrĂ©dients de la romance gay dans ce podcast ou dans mon jardin numĂ©rique.)

C’est grinçant, ce n’est pas toujours politiquement correct, ça ne plaira pas Ă  tout le monde (surtout pas Ă  la Police de la PuretĂ© qui sĂ©vit sur Twitter), mais j’y prends un plaisir fou.

C’est 100% gay, 100% woke

7
, 100% me.

Lire l'épisode 1 sur Plume d'Argent

Et ce plaisir-lĂ , dear Reader, c’est ce qui me permet de me rĂ©veiller aux aurores pour avancer, au lieu de

  • pioncer,

  • fantasmer sur mon petit War,

  • ou re-regarder des Ă©pisodes de His Man.

Mon obsession du moment : His Man

Pour commencer, je dois avouer quelque chose : les Ă©missions de tĂ©lĂ©-rĂ©alitĂ© et moi-mĂȘme, on ne fait pas bon mĂ©nage.

Mon dernier souvenir en la matiĂšre remonte Ă  cette fameuse nuit oĂč Jean-Edouard a fait des choses peu recommandables avec Loana dans le jacuzzi.
Pour les plus jeunes, c’était le 26 avril 2001. (Comment ça, tu n’étais pas encore nĂ©.e ?)
Adolescent, j’ai regardĂ© Loft Story avec fascination pendant quelques semaines, puis j’ai Ă©teint la TV et je suis allĂ© lire un Diana Gabaldon (Jamie Fraser est quand mĂȘme plus sexy que J-E) ou un Mercedes Lackey (Vanyel me donne encore des vapeurs, rien que d’y penser).

Quelques annĂ©es plus tard, j’ai regardĂ© Unreal, comme tout le monde, qui montrait, sous couvert de la fiction, les coulisses d’une Ă©mission semblable Ă  The Bachelor.
Sans trop spoiler (pardon: divulgĂącher), c’était vraiment ugly.

Il a fallu attendre aoĂ»t 2022 pour que je connaisse une Ă©piphanie, certainement de la mĂȘme intensitĂ© que lorsque j’ai dĂ©couvert le monde des Youtubeurs au dĂ©but de la dĂ©cennie prĂ©cĂ©dente.
Tremblement de terre niveau 8 sur l’échelle de Daumier

8
.

Mon problĂšme avec la tĂ©lĂ©-rĂ©alitĂ©, c’était pas, comme je l’avais cru jusqu’alors, que tous les candidats Ă©taient dĂ©biles et que regarder un Ă©pisode revenait Ă  perdre la moitiĂ© de ses neurones.
Non, non.
La raison principale : on n’y montrait que des candidats hĂ©tĂ©ros, faisant des trucs d’hĂ©tĂ©ros.

Full disclaimer : Je n’ai rien contre les hĂ©tĂ©ros. Je respecte leurs choix de vie. D’ailleurs, j’ai moi-mĂȘme quelques amis qui le sont
(et accessoirement, mes parents le sont aussi - hi Mummy, love you! 👋).

His Man, c’est tout ce que j’attendais sans le savoir. Mais il a fallu une boĂźte de prod’ corĂ©enne pour concocter ce plat dĂ©licieux.

Et je pense aussi que la provenance de cette nourriture

9
explique pourquoi je trouve ce dating show ABSOLUMENT fascinant.

Le pitch est simple : pendant une semaine, on regroupe quelques gays sous un mĂȘme toit afin qu’ils trouvent l’amour.
Si l’émission avait Ă©tĂ© tournĂ©e en Occident, je te parie que, dĂšs le premier soir, cette maison serait devenue un baisodrome de premier ordre (avec ou sans jacuzzi).

La pudeur naturelle des CorĂ©ens fait qu’ils ne parleront pas de sexe (on pourrait presque croire que ça n’existe pas chez eux


10
). AprĂšs avoir vu 9 Ă©pisodes, je ne sais toujours pas qui est actif, passif ou versatile. Ce qui est, pour un gay, bien plus vital que connaĂźtre le prĂ©nom ou la profession des gars, n’est-ce pas ?

Du coup, s’ils ne parlent pas de q, de quoi parlent-ils ? Eh bien, de sentiments ! Que font-ils ? Ils tombent amoureux.

Bam, l’écrivain de romance que je suis s’est pris une claque magistrale.
Il existe des Ă©missions de tĂ©lĂ©-rĂ©alitĂ© qui ne sont pas hyper-sexualisĂ©es, oĂč le storytelling (= l’art de raconter des histoires) est sobre, cute, touchant, et ne s’avilit pas en tombant dans le drama Ă  outrance.

Don’t get me wrong.
His Man, par le choix de ce qui est montrĂ© et de ce qui ne l’est pas, nous manipule du dĂ©but Ă  la fin, joue avec nos sentiments et se joue de notre besoin d’interprĂ©tation (“Chang-min, pourquoi est-ce que tu dĂ©cides de partager ta chambre avec Jun ? Hein, pourquoiii ? Mais qu’est-ce que ça veut diiiire ?”).

Toutefois, le show sait se satisfaire de l’inconstance des sentiments humains, de l’indĂ©cision des candidats en matiĂšre d’amour, pour nous offrir de jolis moments de tĂ©lĂ©vision.

OĂč mĂšne une telle obsession ?


Tu ne devras pas t’étonner si, dans quelques mois, quand j’aurai terminĂ© l’épisode 2 du DĂ©mon Blanc, je dĂ©cide de retourner au genre de la romance contemporaine rĂ©aliste afin d’écrire ma version d’un dating show gay.

Good-bye Seoul, hello Sheffield!

Dans ma tĂȘte, ça commence Ă  bouillonner d’idĂ©es, quelques personnages de Tendres Baisers veulent (re)faire une apparition, le format se dĂ©finit petit Ă  petit. Des envies d’écriture feuilletonnante Ă©mergent.
Il est encore trop tît pour savoir si ce projet verra vraiment le jour (tu sais, je prends souvent la fuite
)
Mais moi, en tout cas, j’ai vu la lumiùre.

Merci His Man !


Tu comprends, il fallait que je partage cette joie avec toi ! Et toi, quelle est ta derniĂšre dĂ©couverte qui t’a vraiment enthousiasmĂ©.e ?

Viens me le dire par retour de mail, sur Twitter ou sur Substack :

Leave a comment

See you soon for a shorter newsletter (I swear).

Enzo

1

Deux semaines, pour la girouette que je suis, c’est de la longue durĂ©e.

2

Cette newsletter est sponsorisée par la figure de style Hyperbole, pourvoyeuse de moments intenses depuis plus de 2500 ans.

3

Grosso modo traduisible par : dans quel pétrin est-ce que je me suis mis volontairement ?

4

The Untamed est adaptĂ© du roman é­”é“ç„–ćžˆ (MĂł DĂ o Zǔ ShÄ«), de Mo Xiang Tong Xiu, traduit en anglais par “Grandmaster of Demonic Cultivation” - le Grand MaĂźtre de la Cultivation DĂ©moniaque. Un jour, je te parlerai plus avant de ce qu’est le Danmei et des codes de ce genre.

5

L’association d'idĂ©es (un peu tordue) est la suivante :
Le cultivateur, c’est pas un paysan.
On peut cultiver d’autres trucs que la terre. (MĂȘme en français.)
Dans les manuels scolaires de latin, comme tu le sais (oui, tu le sais), on trouve l’expression virtutem colere, cultiver la vertu.
Et quand on cultive la Vertu, on mĂ©rite de s’appeler

un Vertueux.
VoilĂ . Logique imparable.

6

Tout cela afin de crĂ©er de toute piĂšce la pensĂ©e/philosophie dominante de l’Empire serien. Je crois que ça donne une saveur particuliĂšre aux paroles des protagonistes.
Et si mon texte permet, Ă  sa petite Ă©chelle, de dĂ©centrer le regard du lecteur, de lui permettre de voir le monde sous un autre angle que celui du capitalisme moribond, eh bien, c’est tant mieux. C’est, aprĂšs tout, l’un des objectifs des littĂ©ratures de l’imaginaire.

7

Le propre de la culture queer, c’est de savoir rĂ©cupĂ©rer les insultes. Être “woke”, c’est faire preuve de dĂ©cence et d’ouverture d’esprit, c’est soutenir ceux qui sont dans les marges, sont minorisĂ©s, c’est faire en sorte qu’ils soient traitĂ©s avec dignitĂ©.
Eh bien, je suis fier d’ĂȘtre woke. Et tu peux l’ĂȘtre aussi.

8

Toi qui as lu mon roman Le Youtubeur, tu sais déjà comment cette histoire va se terminer.

9

Mes mĂ©taphores ne sont pas Ă  prendre au pied de la lettre (comme toutes les mĂ©taphores, d’ailleurs, quand on y pense).
Je ne veux pas dire que ces candidats sont de la viande que je souhaiterais consommer.
D’une part, je suis vĂ©gĂ©tarien ; d’autre part, ils habitent Ă  l’autre bout du monde. Vouloir assouvir ce dĂ©sir n’est pas trĂšs environment-friendly.
Quant Ă  celleux qui me feront remarquer que je suis marié  comment vous dire ?

10

Bon, alors, je confirme : ça existe bien chez eux. Ils s’affichent juste moins, surtout Ă  la TV. Ils ont peut-ĂȘtre fait des choses sous la couette (who am I to judge?), mais les camĂ©ras ont pudiquement dĂ©tournĂ© le regard.

Share this post

Me again

enzodaumier.substack.com
Comments
TopNew

No posts

Ready for more?

© 2023 enzo daumier/d.k.n
Privacy ∙ Terms ∙ Collection notice
Start WritingGet the app
Substack is the home for great writing