La vue depuis les marges

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Journal Ouvert - Février 2023

enzodaumier.substack.com

Journal Ouvert - Février 2023

OĂč Enzo a de la constance et le prouve...

enzo daumier đŸłïžâ€đŸŒˆ
Mar 4
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Journal Ouvert - Février 2023

enzodaumier.substack.com

Tu peux trouver la version éditée complÚte de ce journal sur mon site internet.
La version intĂ©grale (fautes et anglicismes inclus) est disponible dans mon jardin numĂ©rique, Sylves. La publication s’y fait au jour le jour.

Au fait, j’emploie le fĂ©minin gĂ©nĂ©rique.

So long!

Enzo


Mardi 31 janvier

Je dĂ©couvre aujourd’hui l’existence du plus vieux poĂšme lesbien en langue Ă©cossaise, datĂ© du XVIe siĂšcle. Le poĂšme 49 du Maitland Quarto, certainement Ă©crit par Marie Maitland.

L’article dĂ©cortique les mĂ©canismes de l’hĂ©tĂ©ronormativitĂ© Ă  l’Ɠuvre, aussi bien dans l’écriture du poĂšme que dans sa rĂ©ception. L’universitaire montre comment un poĂšme qui dĂ©crit clairement une passion lesbienne est interprĂ©tĂ©, durant des siĂšcles, comme Ă©tant un banal poĂšme sur l’amitiĂ© entre deux femmes.

En la lisant, on comprend facilement comment, encore de nos jours, l’amour queer est invisibilisĂ©, dĂ©classĂ© au rang de la simple amitiĂ©. Les exemples abondent et le Twitter queer les relĂšve assez souvent : on dirait une running joke (la « trĂšs bonne amie » de machine, les « colocataires » de la Villa dei Vettii, etc.). Imaginer qu’il puisse y avoir davantage qu’une simple amitiĂ© sent encore le soufre.

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Mercredi 1er février

Évidemment, nous autres queers, nous nous voyons partout dans le passé  mais si la sociĂ©tĂ© commençait Ă  nous y voir aussi, peut-ĂȘtre que nous cesserions de nous projeter quand ce n’est pas nĂ©cessaire.

Car il est vrai que les amitiĂ©s masculines ou fĂ©minines ne sont pas toujours des amours homosexuelles, et que les codes du passĂ© ne sont pas ceux du prĂ©sent : l’affection en public entre deux amies n’est pas obligatoirement le signe d’une passion homosexuelle. Ce qui est louche aujourd’hui (ce qui titille notre gaydar) ne l’était peut-ĂȘtre pas plusieurs siĂšcles plus tĂŽt.

Mais nous ne pourrons pas avoir un discours sain sur le passĂ© (si tant est que ça soit seulement possible) si nous ne nous dĂ©barrassons pas des euphĂ©mismes mis en place par le XIXe siĂšcle bourgeois et perpĂ©tuĂ©s durant le XXe siĂšcle. Une « amie » (wink, wink) n’est pas une amie, c’est une amante.


Jeudi 2 février

Mes morning pages me donnent la clartĂ© nĂ©cessaire pour avancer mes projets au quotidien. Je ne les utilise pas comme Julia Cameron le prĂ©conise ; ma page n’est pas une dĂ©charge oĂč je dĂ©verse tout ce qui encombre mon esprit. Sans filtre.

Je le fais parfois, Ă©videmment, mais je prĂ©fĂšre orienter mes pensĂ©es, prendre le temps de trouver des solutions et circonscrire ma nĂ©gativitĂ© et mon misĂ©rabilisme naturels. Ça fait du bien de se plaindre, mais je ne veux pas entretenir ces voies neurales : les morning pages peuvent trĂšs vite renforcer certaines pensĂ©es nĂ©gatives.

Ces pages Ă©crites au rĂ©veil sont devenues une sorte de thĂ©rapie lĂ©gĂšre, oĂč je me force Ă  voir mes « problĂšmes » sous un angle plus positif, ou, en tout cas, diffĂ©rent. C’est certainement la seule contrainte que je m’impose. Pour le reste, ça part dans tous les sens ; ça suit le fil de mes pensĂ©es ; c’est Ă©crit dans un franglais bourrĂ© de fautes ; et ce n’est pas destinĂ© Ă  ĂȘtre relu par moi ni Ă  ĂȘtre partagĂ© avec d’autres.

Si un jour, je fais un feu de joie, ces morning pages seront les premiÚres à partir en fumée.


Vendredi 3 février

Lors des jours de grand vent, mes deux chattes passent des heures entiĂšres Ă  la fenĂȘtre du salon Ă  regarder les feuilles s’envoler dans le jardin. DĂšs que ces derniĂšres menacent de s’écraser contre la fenĂȘtre, Lou & Mercutio se prĂ©cipitent Ă  leur tour, semblant oublier qu’une vitre les sĂ©pare constamment du monde extĂ©rieur. Bim, bam, boum. C’est un vacarme sans fin. Mais le rĂ©sultat est toujours le mĂȘme : les feuilles se dĂ©robent, la vitre ne cĂšde pas ; meurtries, mes fĂ©lines se remettent immĂ©diatement en position en espĂ©rant que la prochaine fois


*

Je les regarde faire avec une attention mi-moqueuse, mi-incrĂ©dule. Combien de temps leur faudra-t-il avant de tirer les leçons qui s’imposent ? Elles n’ont jamais pu attraper une seule feuille de cette maniĂšre. Pourquoi perdre leur Ă©nergie de la sorte ? Pourquoi faire preuve d’une telle assiduitĂ© quand leur expĂ©rience de la rĂ©alitĂ© leur a dĂ©montrĂ© que l’échec Ă©tait inĂ©vitable ?

Quand Mercutio heurte violemment la fenĂȘtre avec tout le sĂ©rieux d’un chat concentrĂ© sur sa proie, je ne peux m’empĂȘcher de ricaner
 jusqu’à ce que je me rappelle que je ne suis guĂšre diffĂ©rent de lui. N’ai-je pas achetĂ© Ă  l’instant mon billet de loterie hebdomadaire ?


Samedi 4 février

« Je n’écris ni de la mĂȘme maniĂšre ni la mĂȘme chose quand je suis reposĂ© ou quand j’ai mal Ă  la tĂȘte, quand je suis au clavier de mon MacBook ou celui de mon iPad. »

— La mĂ©canique du texte, de Thierry Crouzet

*

Mon style Ă©tait plus travaillĂ© quand j’écrivais sur du papier. Il fallait former sa phrase dans sa tĂȘte ; elle Ă©tait dĂ©jĂ  Ă©ditĂ©e plusieurs fois avant que les mots ne soient couchĂ©s sur les pages du carnet. Le clavier change notre rapport aux mots et aux idĂ©es : on les essaye Ă  mesure qu’on les conçoit. Si ça ne fonctionne pas, on efface un bout et on recommence.

Mes notes sont le plus souvent manuscrites : je me souviens mieux de ce que j’écris Ă  la main. Mes textes plus longs sont Ă©crits sur ordinateur ou sur l’iPad (comme ce journal).

Pour la poĂ©sie, je retourne au papier : je prĂ©fĂšre rĂ©introduire de la friction dans mon processus crĂ©atif et prendre mon temps. (Taper un poĂšme court Ă  l’ordinateur me donne une occasion de l’éditer Ă  nouveau. S’il Ă©tait long, peut-ĂȘtre le premier jet se ferait-il sur l’ordi.)

En fin de compte, l’outil le plus adĂ©quat est celui qui permet d’obtenir le plus de son Ă©criture en investissant le moins (d’effort) possible.


Dimanche 5 février

« Le travail devrait d’ailleurs former sa propre rĂ©compense

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. Ce qui compte, c’est le processus avant le rĂ©sultat, car on ne pratique QUE le processus, et se concentrer sur le rĂ©sultat, l’accueil, la publication, c’est se tromper fondamentalement de jeu. » (Lionel Davoust)

*

AprĂšs ĂȘtre passĂ©e par l’école et l’universitĂ©, est-il possible d’arriver Ă  l’écriture parce qu’on aime le processus ? Souvent, l’apprentissage formel qu’on a reçu nous fait dĂ©tester la pratique elle-mĂȘme. Il nous faut des annĂ©es pour rĂ©introduire de la joie lĂ  oĂč l’on nous a souvent dit qu’il ne devait y avoir que de la souffrance.

Je suis venu Ă  l’écriture pour les mauvaises raisons : the end-result, la publication, la gloire qui couronne le front ensoleillĂ© des autrices (c’est en tout cas ce qu’on s’imagine quand on est lectrice, mĂ©connaissant la rĂ©alitĂ© du mĂ©tier).

Durant de nombreuses annĂ©es, j’ai dĂ©testĂ© Ă©crire, mais j’adorais avoir Ă©crit. J’adorais l’idĂ©e d’écrire.

Mais rĂȘver d’écriture n’est pas Ă©crire. On ne devient Ă©crivaine qu’en Ă©crivant.

Petit Ă  petit, j’ai me suis efforcĂ© de prendre davantage de plaisir Ă  l’écriture elle-mĂȘme. Pour cela, je me suis mis Ă  la romance, j’ai introduit des protagonistes gays ; j’ai dĂ©cidĂ© d’écrire comme j’en avais envie et non pas comme on me demandait (/je me demandais) de le faire.

Pourquoi se torturer et ĂȘtre malheureuse ? Nous n’avons qu’une vie ; il n’y a pas de seconde chance. L’épanouissement est impossible Ă  trouver quand nous agissons pour les mauvaises raisons.


Lundi 6 février

AprĂšs un retour Ă  Twitter, voilĂ  que Lionel Davoust est de retour sur Facebook. Les arguments qu’il avance sont tous valables (et mĂȘme s’ils ne l’étaient pas, peu importe, c’est son choix ; il fait ce qu’il veut de sa vie).

Deux points importants dans ce qu’il dit :

1) les rĂ©seaux sociaux ne sont pas un bon outil de promotion de son Ɠuvre (ce qui me semble juste et Ă©vident pour les autrices publiĂ©es dans l’édition traditionnelle, mais qui pose un problĂšme pour les auto-Ă©ditĂ©es sur lequel il faudra se pencher un jour) ;

2) les rĂ©seaux sociaux sont
 eh bien, sociaux, ils fournissent une occasion inestimable d’ĂȘtre en contact avec d’autres autrices et professionnelles de l’écriture. Le mĂ©tier d’autrice est solitaire ; il vaut mieux s’entourer le plus possible Ă  la moindre occasion, au risque de dĂ©pĂ©rir.


Mardi 7 février

Si l’on veut mener une vie heureuse (eudaimonic life), il faut ĂȘtre bien entourĂ©e. La solitude, nous dit-on, est mauvaise pour la santĂ©.

Robert Waldinger fait remarquer que les rĂ©seaux sociaux ne sont bĂ©nĂ©fiques que lorsqu’on y est active, c’est-Ă -dire quand on crĂ©e du lien, qu’on Ă©change, qu’on cause, qu’on s’entraide. Une consommation passive nuit Ă  son bien-ĂȘtre (ce que mon expĂ©rience personnelle semble confirmer).

Notre gĂ©nĂ©ration est la premiĂšre Ă  devoir dĂ©velopper des compĂ©tences nouvelles afin de gĂ©rer la vie sur les rĂ©seaux sociaux : getting a thick skin, bloquer les fĂącheuses, prendre un recul critique sur ce que l’on consomme, accepter que les autres ne partagent pas les mĂȘmes avis, comprendre que son attention est un bien prĂ©cieux, car limitĂ©, et agir en consĂ©quence.

C’est une question de survie, me semble-t-il. Mais tout le monde ne sait pas qu’il faut dĂ©velopper ces skills pour vivre bien.

Il faut dire qu’on n’enseigne pas Ă  l’école la nĂ©cessitĂ© d’avoir une philosophy of life (stoĂŻcisme, Ă©picurisme, bouddhisme zen, etc.), c’est-Ă -dire un systĂšme pratique qui nous indique la meilleure façon de mener notre vie


À mesure que le temps passe, je pense, comme William B. Irvine dans A Guide to the Good Life, qu’il vaut mieux avoir un systĂšme imparfait, peut-ĂȘtre mĂȘme erronĂ©, plutĂŽt que de ne pas en avoir du tout.


Mercredi 8 février

Damon Suede, l’écrivain de romances gays, explique que, pour concevoir un personnage, il vaut mieux choisir un verbe (ex. dominer) plutĂŽt qu’un adjectif (ex. autoritaire). Sur la page, un personnage existe parce qu’il agit. Il est moteur de l’action, il est l’action elle-mĂȘme.

La premiĂšre fois que j’ai entendu son explication, j’ai Ă©tĂ© surpris, car tous les discours que l’on trouve sur les personnages parlent de personnalitĂ©s, de psychologies, de leur passĂ©, etc., mais trĂšs peu suggĂšrent de concevoir le personnage Ă  travers ses actions
 alors que l’on sait toutes que, dans une scĂšne, ce qui importe, c’est l’action des personnages – c’est-Ă -dire ce qu’ils y font (ou ne font pas). L’autrice est souvent une metteuse en scĂšne.

*

MĂȘme si je donne raison Ă  Damon Suede, j’aimerais que le roman ne soit pas rĂ©duit Ă  un empilement de scĂšnes.

C’est un phĂ©nomĂšne que l’on observe de plus en plus, certainement dĂ» Ă  l’influence des sĂ©ries TV (un format basĂ© exclusivement sur la scĂšne). Tout n’a pas besoin d’ĂȘtre dramatisĂ© dans un roman. La narration, le rĂ©cit sont des outils puissants – c’est d’ailleurs ce qui fait la force de la littĂ©rature : elle peut rĂ©sumer dix ans en quelques phrases Ă  peine ou Ă©voquer le paysage Ă©motionnel d’un personnage en un paragraphe. Elle n’est pas obligĂ©e de montrer. En tout cas, pas de la mĂȘme maniĂšre que les arts visuels.


Jeudi 9 février

Je ne me sens jamais autant en commande de mon Ă©criture que lorsqu’elle dĂ©cortique les Ă©tats d’ñme des personnages. À l’occasion, j’ai essayĂ© de me concentrer sur l’action, sur l’intrigue, etc., de prendre un peu de recul, mais mes histoires ne prennent vie que lorsque j’indique avec prĂ©cision ce que ressent le personnage Ă  un moment donnĂ©.

MĂȘme si certaines lectrices n’aiment pas ce genre de rĂ©cit, j’ai compris qu’il valait mieux que je suive mon instinct. Cela ne veut pas dire que le rĂ©sultat est meilleur en soi, mais plutĂŽt que j’écris ce que je suis censĂ© Ă©crire.

Je lis tel passage et je me dis : voilĂ , tu as Ă©crit ce que tu voulais dire et de la maniĂšre qui t’est la plus naturelle. La conclusion des Chroniques de Dormeveille est ainsi Ă©crite. De mĂȘme que certains chapitres des Sentiments du devoir (non publiĂ©). C’est d’ailleurs aprĂšs avoir Ă©crit cette novella, et en lisant les commentaires de Clara, que j’ai compris qu’il s’agissait lĂ  d’une des forces de mon style, de la raison pour laquelle j’écrivais (dĂ©crire l’intĂ©rioritĂ© de mes personnages).


Vendredi 10 février

Ces derniĂšres annĂ©es, nous avons inventĂ© une nouvelle catĂ©gorie qui gravite dans la sphĂšre LGBTQ+ : celle de l’alliĂ©e.

Je n’attends d’elle qu’une seule chose : qu’elle trouve mon existence normale et l’accepte sans sourciller. Je ne souhaite pas qu’elle se batte Ă  ma place ou qu’elle comprenne tous les problĂšmes de toutes les lettres de l’arc-en-ciel. Elle n’est pas nous et n’a pas Ă  le devenir. Quand elle nous semble faillir dans sa mission d’alliĂ©e, je lui pardonne ; je ne lui demande pas d’ĂȘtre pure dans ses intentions ni ses actes. Je comprends que le monde soit difficile pour chacune d’entre nous, cishet ou queer, et que la perfection ne s’y trouve pas.

Parfois, je regrette que cette alliĂ©e me déçoive, qu’elle n’agisse pas aussi vertueusement que je le voudrais, mais je refuse les rĂ©criminations, car trĂšs vite, je pourrais perdre de vue qui est l’ennemie.

L’ennemie, c’est celle qui use de violence contre les membres de ma communauté ; celle qui bat, celle qui tue, celle qui blesse, avec ses poings ou ses mots. Je pardonne Ă  l’ignorante et Ă  l’idiote ; je ne pardonnerai pas Ă  celles qui le font avec l’intention de nuire.

Quand tout est utilisĂ© pour nous diviser, nous monter les unes contre les autres, les seules actions acceptables ne sont pas de construire des citadelles, de nous enfermer dans nos ghettos, mais de bĂątir des ponts et de tendre la main, aussi douloureux que cela puisse ĂȘtre Ă  l’occasion.

L’alliĂ©e est imparfaite ; je le suis aussi. Nous irons plus loin, nous serons plus fortes, si nous marchons ensemble, cĂŽte Ă  cĂŽte.


Samedi 11 février

« On dit de la MĂ©decine qu’elle est un Art ; on le dit aussi bien de la VĂ©nerie, de l’Équitation, de la conduite de la vie ou d’un raisonnement. Il y a un art de marcher, un art de respirer : il y a mĂȘme un art de se taire. » (Paul ValĂ©ry)


Dimanche 12 février

Depuis que j’ai fait le test StrengthsFinder de Gallup, il y a quelques mois, je sais que l’une de mes forces (la number one, pour ĂȘtre exact) est Input.

En toute honnĂȘtetĂ©, je l’avais dĂ©jĂ  devinĂ©, mais je n’avais pas un cadre thĂ©orique pour clarifier ce que je sentais confusĂ©ment en moi ou que j’avais pu observer dans mon comportement depuis plusieurs annĂ©es.

Input veut dire que j’éprouve un fort besoin (un besoin vital ?) de collectionner et d’archiver. Dans mon cas, c’est principalement intellectuel : j’accumule des connaissances et des idĂ©es. Constamment. Food for thought.

Chez d’autres, l’Input peut prendre une forme physique (collection d’objets) ou sociale (collection d’amitiĂ©s)
 (D’ailleurs, ma collection de stylos plume trouve certainement ici son explication.)

Je suis productif dans mon Ă©criture quand mon Input est satisfait, c’est-Ă -dire quand je suis intellectuellement stimulĂ©. Mes lectures, et plus largement tout le contenu que je consomme, servent de terreau Ă  mon inspiration.

J’éprouve quelques difficultĂ©s quand je me limite Ă  Twitter. Il y a dix ans, cette plateforme Ă©tait une source merveilleuse d’information : les gens partageaient de nombreux articles sur tous les sujets imaginables
 De nos jours, on ne voit plus cette richesse. La fureur et le bruit l’ont remplacĂ©e, en partie parce que l’algorithme considĂšre que l’information doit ĂȘtre un divertissement clivant ; & parce qu’il est plus facile de parler de son nombril que de s’intĂ©resser Ă  l’immensitĂ© vertigineuse du monde (passĂ© comme prĂ©sent, voire futur).


Lundi 13 février

Ces derniĂšres annĂ©es, la recherche en psychologie a dĂ©montrĂ© que loin d’ĂȘtre figĂ©es, nos personnalitĂ©s Ă©voluent. Nos caractĂšres, bien que façonnĂ©s durant notre jeunesse, ne sont pas gravĂ©s dans le marbre. Avec les efforts nĂ©cessaires, il nous est possible de dĂ©velopper certains traits et d’en attĂ©nuer d’autres. Il en va de mĂȘme avec nos compĂ©tences et nos aptitudes.

Il s’agit lĂ  d’une excellente nouvelle, qui devrait nous rĂ©jouir : nous avons l’occasion jusqu’à notre dernier souffle de devenir la meilleure version de nous-mĂȘmes, voire, pour celles qui n’aimeraient qui elles sont, une autre personne.

Je suis trĂšs sensible Ă  ce qui se dit au sujet du growth mindset, peut-ĂȘtre parce qu’à beaucoup d’égards, le mien est encore un peu figĂ©, sclĂ©rosĂ©.

C’est, semble-t-il, le souci des bonnes Ă©lĂšves, celles pour qui les choses venaient facilement et qui n’ont jamais eu Ă  travailler dur pour dĂ©passer leurs limites. La facilitĂ© ne permet pas de dĂ©velopper le fameux grit, l’endurance. On en vient Ă  considĂ©rer que les gens naissent avec des capacitĂ©s dĂ©finies et, qu’au mieux, elles passeront leur vie Ă  les explorer.

On voit facilement comment cette vision du monde peut nous limiter : si l’on considùre que quelque chose est impossible, ça le devient de facto. Pour pouvoir changer, il faut croire que c’est faisable.


Mardi 14 février

Le jeu en vaut-il la chandelle ? Notre sociĂ©tĂ© capitaliste voudrait nous faire croire qu’il est important de se sacrifier au boulot, que notre utilitĂ© se rĂ©sume Ă  « servir l’économie » (do your bit for the Economy!). Il faut donc faire des Ă©tudes « utiles », pas pour soi, mais pour avoir un « bon mĂ©tier », travailler de longues heures, go above and beyond (comme si se limiter Ă  ce que son contrat de travail stipule revenait Ă  arnaquer l’employeur), et prendre sa retraite le plus tard possible.

Mais, ces derniĂšres annĂ©es, il est devenu Ă©vident que nous n’obtenons pas les fruits qu’on nous avait promis : celles qui bĂ©nĂ©ficient de ce systĂšme et qui ont intĂ©rĂȘt Ă  maintenir le statu quo sont de moins en moins nombreuses et de plus en plus riches.

De la mĂȘme maniĂšre que les ministres « servent » l’État, et donc les intĂ©rĂȘts de la nation (en thĂ©orie), l’économie devrait servir la sociĂ©tĂ©. La richesse que nous produisons, toujours davantage si nous croyons les statistiques, devrait se retrouver aussi dans nos vies.

Force est de constater que ce n’est pas le cas.

La promesse du XXe siÚcle, celle qui affirmait que chaque génération vivrait mieux que la précédente, est devenue un mensonge en notre jeune XXIe siÚcle.

Devant ce constat, qui a de quoi laisser un goût amer dans la bouche, je comprends pourquoi beaucoup de personnes décident de travailler moins et de chercher leur bonheur ailleurs.

Pour vouloir jouer Ă  un jeu, il faut croire que l’on peut gagner. Or, au jeu de la vie, tel que nous le pratiquons actuellement, il n’y a mĂȘme plus d’illusion possible : toi, moi et la contemporaine lambda ne pouvons pas sortir gagnantes.


Jeudi 16 février

Depuis 2016, le Royaume-Uni a fait de l’actualitĂ© politique et Ă©conomique un spectacle des plus divertissants et des plus fascinants : c’est tellement WTF que tout le monde regarde sans y croire
 et moins on y croit, plus on regarde.

Cette dĂ©liquescence Ă  la tĂȘte de l’État (continuous nervous breakdown) est ce qu’il y a de plus dĂ©primant quand on vit dans le pays et qu’on doit supporter cette perpĂ©tuelle dĂ©gĂ©nĂ©rescence. Nous sommes devenues tellement accros que nous prenons une joie malsaine Ă  voir cette valse de premiĂšres ministres. Self-inflicted pain, encore et encore.

Depuis quelques mois, je me force Ă  ne plus lire The Guardian dans le dĂ©tail ; j’ai mĂȘme arrĂȘtĂ© d’écouter religieusement The Rest is Politics. Comme je ne peux rien faire face Ă  cette folie gĂ©nĂ©ralisĂ©e (je n’ai pas le droit de vote, de toute maniĂšre), ça ne sert Ă  rien que je me fasse du mal.

Il y a lĂ  une leçon qui me semble importante : l’information ne mĂ©rite d’ĂȘtre connue que si elle nous permet d’agir ; quand elle nous fait du mal et que nous ne pouvons rien y faire, il est lĂ©gitime de ne pas s’y intĂ©resser. Le but n’est pas de faire l’autruche, mais de privilĂ©gier sa santĂ© mentale afin de mieux vivre.


Samedi 18 février

Pour essayer de comprendre pourquoi la trilogie du Dernier HĂ©raut-Mage de Mercedes Lackey m’enthousiasme Ă  chaque fois que j’y repense, j’ai dĂ©cidĂ© de relire Magic’s Pawn (La proie de la magie). Il s’agit de ma seconde relecture, la premiĂšre ayant eu lieu Ă  l’automne 2015.

*

PubliĂ© en juin 1989, Magic’s Pawn semble en avance sur son temps : le protagoniste est ouvertement homosexuel (« shay'a'chern »).

Au cas oĂč tu n’aurais pas compris que Vanyel est gay


Faisant Ă©cho Ă  notre monde, Valdemar n’est pas un paradis oĂč tout un chacun accepterait l’homosexualitĂ© de Vanyel (surtout pas son pĂšre !), mais Lackey s’efforce de normaliser le plus possible ses amours.

Elle applique la mĂȘme formule que celle qu’elle avait dĂ©veloppĂ©e dans la trilogie des Arrows (1987-88 ; Trilogie des HĂ©rauts de Valdermar en français) : ses romans sont autant des rĂ©cits d’aventures que des romances, ce qui pourrait les inscrire dans le genre de la romantic fantasy.

*

Notons que, deux ans plus tĂŽt, en 1987, Ellen Kushner avait dĂ©jĂ  fait le choix d’un protagoniste homosexuel pour son premier roman Swordspoint, mais Lackey est la premiĂšre a ĂȘtre publiĂ©e par une maison d’édition mainstream (DAW Books), dans le genre de la high fantasy.

S’il existe d’autres romans de fantasy gays Ă  la fin des annĂ©es 1980, ils ne sont pas connus en France.

*

Plus grands sont les hĂ©ros de Thomas Burnett Swann, sorti en 1974, est le seul autre roman avec des protagonistes homosexuels qui me vienne Ă  l’esprit, mais il n’a Ă©tĂ© traduit qu’en 2014 chez nous.


Dimanche 19 février

Bien plus que l’univers, c’est le travail sur la caractĂ©risation des personnages qui fait de Magic’s Pawn une histoire mĂ©morable.

La souffrance de Vanyel, ses mĂ©canismes d’autodĂ©fense, ses rĂȘves brisĂ©s, la dĂ©couverte de l’Amour (avec un grand A, car il dĂ©couvre son Ăąme sƓur ; il est « life-bonded »)
 la lectrice est amenĂ©e Ă  ressentir mille Ă©motions durant sa lecture. Elle ne peut que s’attacher Ă  ce personnage, qui nous est prĂ©sentĂ© comme le vilain petit canard (mais dont la beautĂ© trahit dĂ©jĂ  le fait que c’est un cygne).

Lackey prend le temps (bien plus que je ne serais capable de le prendre moi-mĂȘme) de poser le dĂ©cor : l’arrivĂ©e Ă  Haven (= l’entrĂ©e dans le monde des HĂ©rauts) n’est pas immĂ©diate.

MĂȘme le voyage jusqu’à la capitale est entiĂšrement racontĂ©, alors qu’elle pourrait tout aussi bien s’en dispenser. D’autres autrices auraient saisi cette occasion pour donner le plus d’explications possible sur le royaume de Valdemar. Lackey n’en fait rien. Dans ce chapitre, la lectrice est plongĂ©e dans la psychĂ© du personnage. D’un point de vue de l’action et de l’avancĂ©e de l’intrigue, il ne s’y passe rien.

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Le reste du roman est intelligemment composé : ce n’est qu’aprĂšs avoir Ă©prouvĂ© la douleur de la perte qu’il est autorisĂ© Ă  gagner quelque chose. L’amour ne vient qu’aprĂšs la destruction de ses aspirations musicales ; son entrĂ©e dans le monde des HĂ©rauts n’arrive qu’une fois qu’il a perdu son amour dans des circonstances pour le moins traumatisantes. Le bonheur du hĂ©ros se voit sacrifiĂ© Ă  chaque Ă©tape du rĂ©cit. Son dĂ©veloppement se fait dans la douleur.

Le premier tome annonce dĂ©jĂ  la fin tragique de la trilogie. Notons que ce n’est pas un simple foreshadowing mĂ©taphorique : Vanyel rĂȘve de ses derniers instants, ce qui dĂ©montre que Lackey savait dĂ©jĂ  comment elle voulait terminer son histoire.

*

Évidemment, le roman n’est pas sans dĂ©fauts (l’histoire d’amour se dĂ©veloppe trop brusquement Ă  mon goĂ»t : une minute, ils s’ignorent ; la minute suivante, ils s’aiment Ă  la folie et ne se quittent plus), mais il fonctionne trĂšs bien, mĂȘme Ă  la seconde relecture, quand je sais dĂ©jĂ  ce qui va se passer. L’émotion est intacte. Toujours aussi intense.

Peut-ĂȘtre s’agit-il lĂ  de la meilleure trilogie de Mercedes Lackey.


Lundi 20 février

Alors que l’ñge me fait entrer, lentement mais sĂ»rement, dans la catĂ©gorie des vieux cons, il m’est de plus en plus difficile de regarder toute innovation technologique avec cet Ă©merveillement qui caractĂ©rise le plus souvent la jeunesse.

Les avancées dans le domaine des Intelligences Artificielles impressionnent, mais leurs besoins énergétiques sont tout aussi impressionnants, voire inquiétants, surtout dans le contexte de la crise climatique.

S’il y a des domaines, comme la mĂ©decine, oĂč ces avancĂ©es sont les bienvenues ; je doute que ChatGPT, intĂ©grĂ© Ă  Bing pour nous divertir et renforcer notre flemme, puisse ĂȘtre considĂ©rĂ© comme un progrĂšs technologique bĂ©nĂ©fique.

Nous sommes Ă  l’aube d’une Ă©niĂšme rĂ©volution technologique (la quatriĂšme ?) Ă  un moment de notre Histoire oĂč les inĂ©galitĂ©s se renforcent, oĂč la planĂšte surchauffe et Ă©touffe dĂ©jĂ .

Si ce que l’on prĂ©dit est vrai (= les IA mettront des pans entiers de la sociĂ©tĂ© au chĂŽmage), il serait peut-ĂȘtre temps que nos gouvernantes s’assurent qu’un systĂšme de redistribution Ă©quitable des richesses soit mis en place


Pour le moment, on veut nous faire travailler plus, plus longtemps
 tout en nous prĂ©disant qu’on finira par perdre notre emploi rĂ©munĂ©rateur (et qu’on aura du mal Ă  en trouver un autre). Il est facile d’imaginer la dystopie qui va s’ensuivre.


Mardi 21 février

Dans sa newsletter d’hier, Nat Eliason affirme que le bon style (ce qu’il nomme « great writing ») est invisible.

*

(C’est en Ă©crivant cette phrase que je m’aperçois que l’expression « great writing » doit ĂȘtre adaptĂ©e pour passer dans notre langue. Comme je suis Français, le mot auquel je pense immĂ©diatement est style – le miroir aux alouettes des lettres françaises. Je prends ici le mot dans son acception large : le style est notre maniĂšre de prĂ©senter les choses, pas seulement le vocabulaire ou la syntaxe que l’on utilise.)

*

Son texte est trĂšs intĂ©ressant, car ce qu’il essaye de dĂ©finir n’est pas dĂ©finissable.

Bon (great writing) et mauvais (bad writing) sont des notions subjectives. Ce que je considĂšre bon peut facilement ĂȘtre mauvais aux yeux de ma voisine, et vice versa.

La seule conclusion qui s’impose est la suivante : un style n’est bon que parce qu’il est adaptĂ© au goĂ»t de son lectorat.

Ce qui n’avance pas beaucoup l’écrivaine quand elle doit Ă©crire son texte
 (La pirouette finale de Nat Eliason est de dire que c’est Ă  ce moment-lĂ  que l’Art entre en scĂšne
)


Mercredi 22 février

Dans le second tome du Dernier HĂ©raut-Mage, il y a tout un chapitre dans le lequel Lackey s’efforce de dissocier homosexualitĂ© et pĂ©dophilie.

RentrĂ© dans sa famille, Vanyel s’énerve, Ă  juste titre, du fait que son entourage le soupçonne de vouloir sĂ©duire les petits garçons et les jeunes adolescents (il est un hĂ©raut, for goodness' sake !).

La lectrice du XXIe siĂšcle peut sentir les « dĂ©bats » sur l’homosexualitĂ© qui agitaient les annĂ©es 80-90 et la volontĂ© de l’autrice de dĂ©monter les clichĂ©s un par un Ă  travers toute cette trilogie : l’homosexuel est un homme qui Ă©prouve des sentiments pour un autre homme, pas un satyre qui sauterait sur tout ce qui ressemble Ă  un mĂąle (ou un mĂąle en devenir) de prĂšs ou de loin.

Ma premiĂšre rĂ©action a Ă©tĂ© de trouver tout cela un peu vieillot et de me dire : le monde a quand mĂȘme bien Ă©voluĂ© depuis !

Puis, j’ai pensĂ© Ă  ce qui se dit sur les rĂ©seaux sociaux, le renforcement du conservatisme aux États-Unis et ailleurs, et je rĂ©alise que pour certaines, ces dĂ©bats-lĂ  sont toujours d’actualitĂ©. On a peut-ĂȘtre dĂ©calĂ© la cible : des homos, on est passĂ© aux trans, mais les craintes dĂ©lirantes sont les mĂȘmes. « Les queers sont des violeuses qui veulent pervertir nos enfants. »

Trois décennies plus tard
 What a sobering thought.


Vendredi 24 février

Magic’s Promise est le roman de la transition, de l’entre-deux (une affirmation qui pourrait s’appliquer à tous les seconds tomes d’une trilogie). 

Il n’est pas sans maladresses, ce qui, en tant qu’auteur, me rassure beaucoup. Il n’y a rien de pire qu’un roman qui soit parfait, surtout dans les genres que j’écris : ça me fait me sentir tout petit.

La solitude de Vanyel pourrait ĂȘtre agaçante si elle ne se justifiait pas aussi bien
 Ce n’est pas parce qu’il est gay qu’il est condamnĂ© Ă  cette vie de sacrifice (ce qu’une lecture superficielle avec un peu de mauvaise foi laisserait penser). Ce n’est pas « un de ces romans » oĂč la sexualitĂ© du personnage dicte la fin misĂ©rabiliste de l’histoire. Non (quoique
 ?). C’est parce qu’il est le HĂ©raut-Mage le plus puissant de Valdemar que sa destinĂ©e est aussi sombre.

Quand la Mort lui donne le choix entre le repos Ă©ternel et une vie de douleurs et de solitude, il dĂ©cide de retourner parmi les vivantes afin de les aider, malgrĂ© son envie d’en finir. MĂȘme pas trente ans et dĂ©jĂ  usĂ© jusqu’à la corde


Ce pathos, qui ne se cache pas, est ce qui fait la force des romans de Lackey. Les hĂ©rauts sont prĂȘtes Ă  se sacrifier pour le bien de la communautĂ©. Figures christiques, par excellence ; leur mort, Ă  l’image de leur vie, acquiert une signification profonde.


Samedi 25 février

Cela fait quelques années que je suis fasciné par les « réincarnations » des lamas tibétains.

Les tulkous, comme on les nomme, ont des destinées romanesques : ils (car ce sont le plus souvent des hommes) sont choisis dÚs le plus jeune ùge pour devenir des personnalités religieuses exceptionnelles.

Mais le mot « rĂ©incarnation » est erronĂ©, car il laisse supposer l’existence d’une Ăąme immortelle
 Or, pour les bouddhistes, l’égo est une illusion ; l’ñme n’existe pas. Du coup, qu’est-ce qui se rĂ©incarne ?

*

Le mot savant pour rĂ©incarnation est mĂ©tempsycose (je prĂ©fĂšre l’orthographe mĂ©tempsychose, for obvious reasons). Il dĂ©signe le transfert d’ñme d’un corps Ă  un autre
 La mĂ©tempsycose, c’est la croyance que l’ñme (Ă©ternelle) est vagabonde.

Dans le cas qui m’intĂ©resse, on parlera de mĂ©tensomatose pour les lamas tibĂ©tains.

Si la ÏˆÏ…Ï‡Îź, c’est l’ñme ; soma (σωΌα), c’est le corps.

Si j’en crois WikipĂ©dia (bĂ©ni soit WikipĂ©dia), mĂ©tensomatose signifie « dĂ©placement du corps spirituel ».

Apparemment, la diffĂ©rence est de taille, mais j’ai du mal Ă  la comprendre. (C’est le genre de nouveau concept qu’il faut lentement digĂ©rer.)

*

J’ai l’impression que cette mĂ©tensomatose est l’équivalent spirituel de la gĂ©nĂ©tique : de mĂȘme que les parents passent une partie de leurs gĂȘnes Ă  leurs enfants, le lama transmet une partie de son bagage spirituel, sa nature, Ă  un autre corps. (Je place ici un Ă©norme point d’interrogation.)


Dimanche 26 février

Dans les RĂ©cits PĂ©ninsulaires, il y aura des « rĂ©incarnĂ©.es ». Pour faire simple, je supposerai que l’ñme est bien Ă©ternelle et vagabonde
 Je mettrai la mĂ©tensomatose et les tulkous de cĂŽtĂ©, mĂȘme s’ils sont Ă  l’origine de l’idĂ©e.

C’est dĂ©jĂ  bien assez compliquĂ© d’avoir des rĂ©incarnĂ©es, des immortelles (qui peuvent mourir) et des RĂȘveuses (qui ne rĂȘvent pas). La lectrice me sera certainement reconnaissante si l’ñme de mes RĂ©incarnĂ©.es se rĂ©incarne.

*

Il m’est difficile de dissocier rĂ©incarnation et spiritualitĂ© (ou religion).

Je me surprends à vouloir faire d’Alexandre Ambronne un futur chef spirituel, ce qui est absurde.

Sa cousine Maeve, oui, absolument
 mais Alexandre n’a pas l’étoffe d’un chef spirituel
 Ă  moins que, tout comme le Bouddha, il soit coincĂ© dans sa phase hĂ©doniste quand nous le rencontrons pour la premiĂšre fois.

(Je pense que, dans les RP, les rĂ©incarnations sont liĂ©es Ă  une forme de magie Ă©lĂ©mentale. RĂ©incarnation d’anciennes mages puissantes plutĂŽt que de cheffes spirituelles, mĂȘme si l’une n’exclut pas l’autre.)

Peut-ĂȘtre Alexandre deviendra-t-il ce chef spirituel, aussi improbable soit-il (je n’ai jamais pensĂ© Ă  ce que lui et ses cousines deviendraient en grandissant), mais, Ă  18 ans, il est dĂ©cidĂ© Ă  profiter des plaisirs de la vie.

En un mot, c’est un queutard.

(En tout cas, c’est ainsi que Corydon devrait le percevoir.)

1

Je sais trÚs bien que le mois de février ne commence pas le 31 janvier
 mais je tenais à vérifier que tu suivais (un peu).

2

“The reward of labour is life. Is that not enough?” (William Morris)

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Journal Ouvert - Février 2023

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