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Tu peux trouver la version éditée complÚte de ce journal sur mon site internet.
La version intĂ©grale (fautes et anglicismes inclus) est disponible dans mon jardin numĂ©rique, Sylves. La publication sây fait au jour le jour.
Jâapplique ici lâorthographe rectifiĂ©e (good-bye les petits accents circonflexes !).
Il y a quelques jours, je notais dans mon journal :
âAu sujet de la newsletter : (âŠ) Il est peut-ĂȘtre temps que je retourne Ă mon exploration de lâhomoromance et de la production LGBTQ+. Jâai envie de partager le fruit de mes lectures, rĂ©pondre Ă des questions (mĂȘme les plus absurdes ou les plus incongrues) que mes lecteurices pourraient avoir, prĂ©senter quelques Ćuvres ou faire dĂ©couvrir des artistes-crĂ©ateurices.â
Du coup :
Et allons plus loin : pourquoi ne pas mâenvoyer les questions que tu te poses sur lâhomoromance et le reste ? Jây rĂ©pondrai le plus sĂ©rieusement possible (ou pas !).
So long!
Enzo
Samedi 1 juillet
Dans Pure Light, Violette Banks montre comment une autrice française peut écrire un roman qui se passe à Bangkok avec des personnages autochtones ou britanniques sans que ça fasse carton-pùte. Elle est donc le contre-exemple de ce que je disais hier.
Ă mon avis, elle y arrive parce que son style nâest pas descriptif : peu importe oĂč se passe la scĂšne (que ce soit en Europe, en AmĂ©rique du Nord ou en Asie), elle nous donne peu dâindices sur le lieu (les bruits, les odeurs, les tempĂ©ratures et lâhumiditĂ©). Elle insĂšre aussi peu de mots thaĂŻ, mais indique clairement comment les honorifiques fonctionnent (p' et nong, etc.) et donnent des exemples prĂ©cis de la vie quotidienne (comment commander un taxi, ce quâil faut Ă©viter de faire dans le mĂ©tro, etc.), ce qui suffit Ă nous faire sentir que nous sommes Ă Bangkok et que lâautrice a fait les recherches nĂ©cessaires (assez pour faire croire quâelle sây est dĂ©jĂ rendue, mĂȘme si ce nâest pas le cas).
Jâai beaucoup aimĂ© le portrait quâelle dresse de lâindustrie du BL thaĂŻlandais, car il Ă©tait documentĂ©, prĂ©cis et juste⊠Elle laisse deviner ses zones dâombres sans pour autant les discuter (un choix que je respecte).
Enfin, je ne crois pas avoir lu de romances aussi slow-burn que Pure Light. Ăa mijote si lentement que lâamour pourrait se faire passer pour de lâamitiĂ©. Les personnages principaux ne prennent conscience de leurs sentiments quâĂ la fin, quand il est presque trop tard. Lâabsence de cul (ou presque) et de tension sexuelle a rendu la lecture agrĂ©ableâ; dans le genre hypersexualisĂ© du M/M, ce type de choix est reposant.
Lundi 3 juillet
Pourquoi partageons-nous notre quotidien, nos pensĂ©es, avec des Ă©trangers sur les rĂ©seaux sociauxâ? Quel(s) besoin(s), exactement, satisfaisons-nousâ? Celui de tenir une courâ? Celui dâĂȘtre rassuré·eâ? Celui dâavoir de lâinfluenceâ? De faire du bruit, dâoccuper la place ou de laisser une trace derriĂšre soiâ?
Jâaimerais croire que câest pour le partage⊠mais le vrai partage nâexiste pas sans une Ă©coute sincĂšre. Il est impossible quand on souhaite dominer un dĂ©bat ou avoir raison Ă tout prix. Ce nâest pas non plus du partage si on impose aux autres des faits, des opinions, des avis quâiels nâont pas demandĂ©.
Lundi 05 juin
Le format court des sĂ©ries japonaises est celui que je prĂ©fĂšre. Je nâaime pas les sĂ©ries Ă rallonge, en particulier chinoises, qui se dĂ©veloppent sans forme et, semble-t-il, sans fin. Leur pouls est mouâ; mon intĂ©rĂȘt se fane assez vite. Jâai besoin dâune tension et dâune direction : ce qui mâintĂ©resse, câest la progression de lâintrigue, mĂȘme dans les romances. Je veux des enjeux.
Si jâen crois mes prĂ©fĂ©rences, la Goldilocks zone des sĂ©ries asiatiques se situe entre 10 et 14 Ă©pisodes : en deçà , on aimerait passer davantage de temps avec les personnages (surtout si le concept ou lâhistoire sont originaux)â; au-delĂ , il y a de fortes chances que certains Ă©pisodes ne servent Ă rien.
Le format corĂ©en de 16 épisodes (dâune heure et des poussiĂšres chacun) est un peu longuet, mĂȘme quand on les regarde en accĂ©lĂ©rĂ©. Les plus insupportables sont ces sĂ©ries romantiques si lentes quâon finirait par sâendormir devant lâĂ©cran. (La derniĂšre que jâai regardĂ©e : Call It Love avec Lee Sung Kyung et Kim Young Kwang.)
Dimanche 9 juillet
Pour ĂȘtre heureux, il faut se mĂ©fier de son instinct, de cette petite voix qui nous murmure que lâon vivrait mieux (ou tout aussi bien) sans la compagnie dâautrui.
Quand on ne veut voir personne, il y a de fortes chances que ce dont on a besoin soit lâinverse (de la compagnie, oui, mais peut-ĂȘtre pas la compagnie habituelle qui a vidĂ© nos batteries).
Nous sommes des créatures sociales. Nous avons toustes besoin de chaleur humaine.
*
Rien ne remplace une bonne discussion (de visu ou au tĂ©lĂ©phone) avec un·e ami·e.Â
Quand je discute avec StĂ©phane, pendant quelques heures, je me sens plus lĂ©ger, moins seul (câest comme si nous redevenions les deux collĂ©giens que nous avons Ă©tĂ©, sauf que maintenant nous discutons de politique, de nos vies amoureuses et sexuelles, de nos tracas professionnels et de la fin du monde). Ce que nous nous disons nâest pas toujours joyeux, mais mon humeur (et, jâose espĂ©rer, la sienne) est toujours meilleure aprĂšs.
Mardi 11 juillet
Dans sa Masterclasse, lâĂ©crivain Xavier MaumĂ©jean explique sa maniĂšre dâĂ©crire un roman :
«âJe ne procĂšde pas par journĂ©es, jâai le sentiment que ma maniĂšre de travailler est une maniĂšre picturale. Toutes proportions gardĂ©es Ă©videmment, je compare ça au travail de Jackson Pollockâ; je crĂ©e, mettons, deux-cents fichiers et au fil de mes recherches, je diffuse lâinformation dans les fichiers, mais sans me soucier de lâintrigue, sans me soucier de la narration, et petit Ă petit, vont se dĂ©tacher des Ă©lĂ©ments. Quand les fichiers sont ouverts, câest visuel. Câest une approche formelle, classique qui fait que je nâĂ©cris jamais dans la continuitĂ©, jâĂ©cris souvent la premiĂšre phrase et la derniĂšre phrase, mon point de dĂ©part et mon point dâarrivĂ©e et ensuite, ça dĂ©pend de la richesse de la documentation, de lâenvie du moment, je peux aussi Ă©crire le chapitre 24 et ensuite, le chapitre 3. Je ne relis pas, je quitte le chapitre et il est Ă©crit. Je ne lisse pratiquement pas. Dâailleurs, jâaime bien dire âIl ne me reste plus quâĂ rĂ©digerâ, parce que câest vrai. Pendant des mois, jâai la reprĂ©sentation visuelle des chapitres et je pioche. Le style lui-mĂȘme est justifiĂ© par le projet, jâessaie de nâavoir jamais le mĂȘme style selon les romans (âŠ)â»
*
Un jour, il faudra que je mâessaye Ă Ă©crire un roman dans le dĂ©sordre. Je ne suis pas sĂ»r dâen ĂȘtre capable : jâĂ©cris les miens comme je les lirais, dans lâordre. Quand je suis dâhumeur audacieuse, jâintervertis deux chapitres.
Les seuls projets que je me verrais bien composer dans le dĂ©sordre sont Ă©clatĂ©s, des recueils de textes fragmentĂ©s oĂč lâhistoire est discontinue et partielle. Des potpourris, comme Always Coming Home de Le Guin, oĂč lâunitĂ© nâexiste que dans la diversitĂ© chaotique du texte.
Dans mes carnets, je note ces idĂ©es dâouvrages, mais je ne les Ă©cris jamais, peut-ĂȘtre parce que je ne suis pas sĂ»r de la mĂ©thode Ă suivre. Jâai besoin dâordre pour calmer ma nature anxieuse.
Jeudi 13 juillet
Hier, jâai dĂ©couvert lâexistence de la psychologie culturelle, qui explore le lien entre psychologie et culture (rien de surprenant vu le nom).
Jâai appris que la maniĂšre de penser occidentale Ă©tait diffĂ©rente de la pensĂ©e asiatique⊠que cette diffĂ©rence nâĂ©tait pas seulement linguistique (les mots recouvrent diffĂ©rentes rĂ©alitĂ©s), mais quâelle Ă©tait structurelle.Â
La pensĂ©e occidentale est analytique tandis que lâapproche orientale est holistique : par exemple, en Europe, nous prĂ©fĂ©rons noter les spĂ©cificitĂ©s dâun objet (une table est une surface plane et horizontale qui repose sur quatre pieds ou un piĂštement central) tandis quâen Asie, câest le contexte qui apparait en premier (câest autour dâune table que les gens dâune mĂȘme communautĂ© mangent).Â
Cette diffĂ©rence fondamentale de penser le monde se retrouve dans le design des pages web : lâOccident promeut le minimalisme, oĂč lâon focalise lâattention sur une seule information de crainte de submerger lâutilisateur, tandis que lâOrient aime la densitĂ©, car l'utilisatrice est habituĂ©e Ă gĂ©rer davantage d'information en mĂȘme temps.Â
Pareillement, on retrouve cette diffĂ©rence dans les Ă©missions de divertissement : en Asie, lâĂ©cran est surchargĂ© dâanimations, de citations et de commentaires⊠Il se passe tellement de choses que le spectateur occidental ne sait plus ce quâiel doit regarder. MĂȘme His Man, le dating show corĂ©en, qui nâest pas le pire en la matiĂšre, cite et rĂ©sume constamment ce que les participants se disent.
Ce que je trouve fascinant avec ces variations culturelles, câest quâelles nous rappellent quâaucune culture nâa davantage raison que sa voisine : certes, nous sommes dĂ©routé·es par certaines pratiques qui nous semblent aller Ă lâencontre de la logique (ou du bon gout), mais ça ne veut pas dire que les autres ont tort pour autant. Il nây a pas une bonne et une mauvaise maniĂšre de regarder le monde. Câest une leçon dâhumilitĂ© quâil serait bon de propager sur les rĂ©seaux sociaux.
Dimanche 16 juillet
Harrogate est situĂ©e au nord de Leeds, Ă 1 h 30 de Sheffield en voiture. Cette ville nâest pas sans rappeler la sĂ©duisante Bath. Elle a une belle architecture et une taille relativement modeste (env. 70â000 habitants). Pendant des gĂ©nĂ©rations, ses eaux pures ont attirĂ© les souffreteux riches et influents⊠Et une balade dans ses rues ou ses espaces verts prouve que lâargent est encore prĂ©sent. Harrogate est bourgeoise dans ses gouts comme dans ses maniĂšres.
*
Mon rĂȘve, câest de vivre dans une jolie ville comme celle-ci (la bourgeoisie mâinsupporte, mais je suis prĂȘt Ă quelques sacrifices pour une meilleure qualitĂ© de vie). Je mâimagine dans une belle maison, spacieuse mais pas pour autant immense. Ă lâabri des regards si possible.
Comme on nâen trouve aucune Ă Harrogate qui soit en dessous dâun demi-million de pounds, autant dire que ça nâarrivera pas. Ma carriĂšre ne me permettra jamais ce train de vie. Si jâavais Ă©tĂ© obsĂ©dĂ© par lâargent, j'aurais travaillĂ© dans le secteur bancaire et non dans l'administration universitaire.
*
Il reste, Ă©videmment, la loterie⊠Câest une sorte de deus ex machina quand on planifie ou rĂȘve sa vie. Je crois sincĂšrement que jâai moins de chance dâĂ©crire un bestseller que de gagner le jackpot de lâEuroMillions. De deux scĂ©narios improbables, le second est quand mĂȘme plus probable que le premier.Â
Imaginons une seconde un auteur de romances gay, Ă©crites en langue française, qui connait un succĂšs tel quâil devient aussi riche quâun gagnant de lâEuroMillions (disons, 17 millions dâeuros).
Je rĂ©pĂšte, car il faut faire un grand effort d'imagination : un auteur français de romances gay. 17 millions dâeuros. Allez, comme je me sens dâhumeur gĂ©nĂ©reuse, baissons Ă un million dâeurosâŠ
Non, mĂȘme avec un deal Netflix, signĂ© sur un malentendu, câest tout bonnement impossible.
Ăvidemment, si le destin veut me troller Ă lâĂ©chelle cosmique, jâaccepte dâĂȘtre la victime de ce foutage de gueule et de devenir le premier auteur de romances gays français Ă connaitre un succĂšs similaire Ă Twilight, Fifty Shades ou HP. En attendant, j'ai achetĂ© mon billet pour le prochain tirage de l'EuroMillions. Il vaut mieux ĂȘtre prudent.
Jeudi 20 juillet
Quand jâĂ©tais adolescent, câĂ©tait la fiction qui mâimportait le plus. Ătre Ă©crivain, câĂ©tait Ă©crire des romans (ou des nouvelles).
Durant ma vingtaine, jâai prĂȘtĂ© attention aux autres genres. Je me suis intĂ©ressĂ© Ă ce que lâon nomme ici la «ânon-fictionâ» : les essais, les documentaires, les biographies, les journaux, les blogs, les rĂ©cits de voyage, les livres de dĂ©veloppement personnel, que sais-je encoreâ?
Maintenant, ĂȘtre Ă©crivain ne veut plus dire ĂȘtre romancier⊠De toute maniĂšre, je lis moins de fiction que de non-fiction, car dâautres mĂ©dias (sĂ©ries TV et films) ont pris le relai. JâĂ©tanche ma soif de storytelling diffĂ©remment. Câest tout.
Maintenant, ĂȘtre Ă©crivain, ça veut dire prĂȘter attention aux mots que lâon utilise. Câest ĂȘtre un artisan du verbe. Peu importe ce que lâon Ă©crit, peu importe les genres.
Vendredi 21 juillet
Je trouve intĂ©ressant quâon me rappelle (comme dans la sĂ©rie corĂ©enne, Doctor Cha, disponible sur Netflix) que toutes les histoires nâont pas besoin dâune romance⊠et que le personnage principal est en droit de rejeter les avances dâun docteur, extrĂȘmement sexy et bien plus jeune quâelle.
Câest dĂ©cevant, certes (il Ă©tait vraiment sexy et avait tout pour plaire), mais logique : lâĂ©panouissement personnel ne passe pas obligatoirement par le couple.Â
La romance voudrait nous faire croire quâelle est le remĂšde Ă tous les maux, que le cĂ©libat est synonyme d'inquiĂ©tude, de solitude et de frustrationâŠ
LâĂ©panouissement peut, et devrait, se trouver ailleurs. Pourquoi dĂ©pendre dâune autre personne pour connaitre son happy endâ?
Mardi 25 juillet
Il sâagit dâune fugue. Quand je rĂȘvasse Ă la belle maison que je pourrais gagner grĂące Ă la loterie, je ne pense pas Ă ma vie telle quâelle est maintenantâ; je ne rĂ©flĂ©chis pas plus Ă la maniĂšre de la changer. Jâimagine une situation diffĂ©rente qui ne mâaura demandĂ© aucun effort, ni aucun sacrifice : je me berce dâillusions. Ce que je semble vouloir, ce nâest pas une vie diffĂ©rente ou meilleure, câest une vie facile.
Vendredi 28 juillet
Le Petit Ă©loge de la poĂ©sie me donne des envies dâĂ©crire un Ă©loge de lâhomoromance.Â
Je me demande quelle forme ce texte prendrait, ce que je pourrais Ă©crire au sujet du BL et du MM⊠Ai-je seulement quelque chose dâintĂ©ressant Ă dire sur toutes ces productions que je consomme au quotidienâ?Â
Je suis dâun naturel critique (je suis français aprĂšs tout), jâignore si je peux faire lâĂ©loge sans ĂȘtre tentĂ© de dĂ©zinguer mon sujet en mĂȘme temps. ĆdÄ« et amĆ, toussa, toussa.Â
Me connaissant, je serais obligĂ© de nommer mon petit livre «âĂ©loge paradoxal de lâhomoromanceâ».
Dimanche 30 juillet
Je deviens de plus en plus allergique Ă la masturbation intellectuelle. Je ne supporte plus ces textes qui confondent une forme «âjolieâ», voire opaque, avec du contenu profond. En rĂ©alitĂ©, ils sont creux, ils ne disent rien et ne veulent rien dire. La syntaxe et le vocabulaire endimanchĂ©s ne sont pas les marqueurs dâune pensĂ©e supĂ©rieure ou mieux aboutie. Câest de la poudre aux yeux.
Je viens de terminer ma lecture du Petit Ă©loge de la poĂ©sie. Les deux tiers, voire les trois quarts, sont de la branlette. J-P SimĂ©on se fait mousser et fait mousser son sujet, et ce, sans jamais citer un seul poĂšme. Il sâagit dâun essai «âhors-solâ», un peu comme les tomates quâon nous vend au supermarchĂ©. Ăa nourrit mal lâesprit.
Mercredi 02 août
Il y a des gens pour croire que le «âfan serviceâ» (oĂč deux acteurs prĂ©tendent sortir ensemble), câest la vĂ©ritĂ© vraie, et non une transaction commerciale oĂč le fan paie pour voir les acteurs se cĂąliner en direct. Rien nâest vrai dans le «âfan serviceâ», ou, du moins, tout est exagĂ©rĂ©âŠ
Le fan service, qui brouille les cartes entre rĂ©alitĂ© et fantasme, ne saurait, pour autant, servir dâexcuse au harcĂšlement que ces acteurs subissent de maniĂšre rĂ©guliĂšre. Ils ont droit Ă leur vie privĂ©e, ils ont droit dâavoir un petit-ami ou une petite-amie, ils ont droit de garder cette partie-là ⊠eh bien⊠privĂ©e. Ils nâont de compte Ă rendre Ă personneâ; aucune excuse Ă prĂ©senter Ă quiconque.Â
Le fan service nâest pas un esclavageâ; les fans ne possĂšdent pas leurs stars. Les dĂ©rives que lâon voit dans le milieu du BL/GL thaĂŻlandais, par exemple, sont choquantes⊠Et je ne crois pas quâon puisse balayer de la main ces comportements en affirmant que les acteurices, jouant avec le feu, savent dans quoi iels sâengagent. Rien ne justifiera jamais que lâon viole lâintimitĂ© de quelquâun pour satisfaire les dĂ©sirs Ă©goĂŻstes de la populace.
Jeudi 03 août
L'ennemi de l'écrivain·e, c'est la vie quotidienne, celle qui nous détourne de nos préoccupations artistiques (petites comme grandes). Boulot, famille, tracas, tout est bon pour voler notre temps et notre énergie si bien qu'il ne nous en reste peu ou plus à consacrer à ce qui nous importe.
Mais c'est cette mĂȘme vie quotidienne qui sert de terreau Ă notre imaginaire et sans laquelle nos Ă©crits seraient pauvres et inintĂ©ressants. Pour bien Ă©crire, il faut donc vivre pleinement, mĂȘme si on court le risque de n'avoir plus le temps d'Ă©crire...
Samedi 05 août
En Occident, on voit beaucoup dâhistoires dâamour sur le petit Ă©cran, mais le genre de la romance est, finalement, assez peu prĂ©sent dans les sĂ©ries TV. Lâamour est un condiment que le retrouve partout, la sauce quâon utilise pour relever nâimporte quelle histoire, mais rarement le plat principal (câest-Ă -dire la prĂ©occupation principale de la sĂ©rie).
La romance a colonisĂ© les films (surtout au moment de NoĂ«l), mais pas vraiment les sĂ©ries TV.Â
XO, Kitty et Heartstopper sont deux exceptions notables qui semblent confirmer la rĂšgle : la premiĂšre, qui se passe en CorĂ©e, a pour modĂšle Ă©vident toute la production romantique corĂ©enneâ; la seconde surfe sur la vague du BL asiatique en proposant son Ă©quivalent occidental.
Car sâil y a bien une grande diffĂ©rence entre lâOccident et lâAsie, câest que cette derniĂšre nâa pas honte de produire de la romance, de la vraie, de la dĂ©goulinante. La CorĂ©e du Sud en a fait son beurre⊠la hallyu ne se limitant pas Ă la K-pop et Ă BTS.
Dimanche 06 août
Hier soir, StĂ©phane mâa demandĂ© pourquoi nous nâavions pas de BL sur nos petits Ă©crans occidentaux. (Heartstopper Ă©tant encore lâexception qui semble confirmer la rĂšgle.)
La communautĂ© internationale du BL est la preuve que le public est prĂ©sent mĂȘme dans notre partie du monde. Le succĂšs littĂ©raire de la romance M/M aux Ătats-Unis et en Europe nâest plus Ă prouver. Ăa doit donc ĂȘtre commercialement viable de produire du BL sous nos tropiquesâŠ
Je mâexplique ce phĂ©nomĂšne ainsi :
MalgrĂ© son succĂšs commercial, la romance est encore mal vueâ; et le BL est un sous-genre de la romance, un genre encore perçu comme Ă©tant fĂ©minin. Des histoires dâhommes qui aiment des hommes pour un public de femmes : c'est une combo qui nâintĂ©resse pas les mecs cis-hĂ©t qui commissionnent les sĂ©ries TV. Voyons lĂ des relents de misogynie et dâhomophobie.
Il existe deux maniĂšres de traiter une histoire dâamour entre hommes : une maniĂšre rĂ©aliste (on parle alors de production LGBTQ+) ou une maniĂšre idĂ©alisĂ©e (avec son Happy Ever After, câest ce que lâon nomme le BL). En Occident, nous avons toute une tradition de films LGBT, qui dĂ©peignent les affres de lâamour gay. Nous aimons ce qui finit mal, câest tragique Ă souhait. Il nây a pas dâamour heureux, toussa, toussa. Le bonheur nous est suspect. MĂȘme si les choses Ă©voluent, les gays occidentaux ont Ă©tĂ© biberonnĂ©s Ă cette vision pessimiste de lâamour homosexuel : lâoptimisme naĂŻf du BL les met mal Ă lâaise. Ce sont des codes quâils ne possĂšdent pas. Ce qui veut dire que, lorsquâils parviennent Ă produire une histoire dâamour entre hommes pour le petit ou le grand Ă©cran, la modalitĂ© quâils choisissent nâest pas celle du BL.
*
Il est intĂ©ressant de noter quâHeartstopper a Ă©tĂ© imaginĂ© par une femme, et non un homme gay. Et son succĂšs immĂ©diat, mĂȘme parmi la communautĂ© gay, est la preuve quâil existe en Occident un besoin dâhistoires dâamour entre hommes idĂ©alisĂ©es et optimistes.
Lundi 07 août
VoilĂ pourquoi 180 Degree Longitude Passes Through Us est une sĂ©rie LGBT et non du BL.Â
Le scĂ©nariste et rĂ©alisateur, Punnasak Sukee, est influencĂ© par la littĂ©rature et le cinĂ©ma gay occidentaux : quand Inthawut fait lire le Banquet de Platon Ă Wang, lâimaginaire qui est invoquĂ© est celui dâune relation pĂ©dĂ©rastique entre un Ă©raste et un Ă©romĂšne, câest-Ă -dire un homme plus ĂągĂ© qui sâamourache dâun jeune Ă©phĂšbe (ici le fils de sa meilleure amie).
Comme il sâagit dâune tĂ©lĂ©sĂ©rie LGBT, 180 Degree Longitude explore les consĂ©quences de cet amour naissant, condamnĂ© Ă ĂȘtre avortĂ©. MalgrĂ© lâintensitĂ© des Ă©motions de Wang, Inthawut, un «âvieux gayâ» qui a intĂ©riorisĂ© lâhomophobie de sa jeunesse et a vĂ©cu sa vie dans le regret et la frustration, se dĂ©file dans le dernier Ă©pisode. Tout cela dĂ©montre encore une fois que, dans la production gay de veine traditionnelle, il nây a pas dâamour heureux.
Si cette sĂ©rie se dĂ©marque des autres productions homoromantiques thaĂŻes, elle sonne aussi un peu faux, comme si on avait forcĂ© lâhistoire Ă prendre une direction qui ne sâimposait pas dâelle-mĂȘme⊠Quand les spectateurices savent quâune fin heureuse est possible (et câest lĂ toute la force du BL : dire au monde entier que les hommes qui aiment les hommes ne sont pas condamnĂ©s au malheur et aux fins tragiques), le pessimisme final (certain·es prĂ©fĂ©reraient sans doute parler de rĂ©alisme doux-amer) apparait comme gratuit et arbitraire.
De nos jours, condamner lâamour queer Ă la tragĂ©die nâest plus que la marque dâune oeuvre dâart qui veut quâon la prenne au sĂ©rieux, et ce Ă tout prix.Jeudi 22 juin
Cela fait des annĂ©es que StĂ©phane (@SeriesEater) me demande dâĂ©crire une suite aux Chroniques de Dormeveille.Â
Plusieurs continuations possibles apparaissent sur cette vieille liste⊠Jâavais mĂȘme commencĂ© Ă travailler sur un projet qui se passerait Ă Sheffield et oĂč lâon retrouverait Louis, Roberta et Leigh, avec de nouveaux personnages (dont le demi-frĂšre de Raiden).Â
Au final, la pandĂ©mie et ses confinements Ă rĂ©pĂ©tition lâauront tuĂ© dans lâĆuf. Ma tentative de mâapproprier Sheffield, comme je lâavais fait avec Oxford, a Ă©choué⊠et je nâai plus eu envie de retenter le coup.Â
Je prĂ©fĂšre maintenant retourner dans le monde imaginaire de mon adolescence et oublier que je vis en Brexitland.Â
Ces derniĂšres annĂ©es, mes gouts et mes aspirations ont Ă©voluĂ©. Je suis certainement plus dĂ©sabusĂ© que je ne lâĂ©tais en 2019⊠et je ne suis plus celui qui a publiĂ© Dormeveille en 2017-18.Â
J'ai mĂȘme dĂ©sertĂ© le milieu du M/M pour squatter celui du BL.
(Les mauvaises langues feront remarquer que le changement est minime : s'il s'agit encore et toujours d'hétéros à moitié à poil qui prétendent aimer d'autres mecs... En somme, le MM et le BL, c'est Tweedledum et Tweedledee avec des pecs et des abdos.)
Mercredi 09 août
Pourquoi est-ce que jâĂ©crisâ? Je sais pourquoi jâĂ©cris ce journal, car ça rĂ©pond Ă un besoin que jâai de clarifier ma pensĂ©e et dâen garder la trace. En le publiant, I pay forward, câest-Ă -dire que je le partage dans lâespoir que mes lecteurices pourront sâen servir comme un terreau pour leurs propres rĂ©flexions, comme jâai utilisĂ©, et utilise encore, les journaux et les blogs des autres.
Ce qui est moins clair, toutefois, câest la raison pour laquelle jâĂ©cris de la fiction. Peut-ĂȘtre parce que jâai commencĂ© il y a plus de vingt ans, quand jâĂ©tais quelquâun dâautre, un adolescent, coincĂ© dans sa caverne, qui ne connaissait le monde quâindirectement, et donc faussement. Ă lâĂ©poque, lâĂ©criture me permettait dâexister. Jâavais espoir quâelle prouverait ma valeur et ma lĂ©gitimitĂ© Ă vivre dans ce monde dans lequel je ne semblais pas ĂȘtre le bienvenu.Â
Maintenant, je ne sais plus trop. Câest peut-ĂȘtre pourquoi, depuis quelques mois, quelques annĂ©es mĂȘme, jâai une crise de foi⊠Jâai besoin de clarifier mes motivations, sans quoi cet entredeux sâĂ©ternisera.
Jeudi 10 août
Tentation de dĂ©peindre le parc Ă cĂŽtĂ© de chez moi et les effets du soleil matinal sur ce dernier⊠cette beautĂ© quâil serait si facile de montrer sur une photo mais que je suis incapable de dĂ©crire avec des mots. Il faudrait que jâemploie des artifices littĂ©raires, câest-Ă -dire que je remplace une beautĂ© visuelle par lâĂ©lĂ©gance des mots et de leurs sonoritĂ©s.Â
DĂ©crire le parc tel quâil est : lumiĂšre dâor qui traverse horizontalement les branches et se rĂ©flĂ©chit sur les feuillages vertsâ; cette description, pourtant la plus correcte et la plus juste, ne suscite aucune Ă©motion quand on la lit⊠Or il semble que le plus important dans cet acte de partage soit de provoquer une Ă©motion chez les lecteurices, et donc de recrĂ©er artificiellement un Ă©moi, qui nâest pas celui que jâai ressenti.Â
Pour ĂȘtre le plus juste, il ne faut donc pas ĂȘtre fidĂšle Ă la rĂ©alitĂ©â; la littĂ©rature impose une maniĂšre diffĂ©rente de dire le vrai.
Lundi 14 août
âWe donât turn to story to escape reality. We turn to story to navigate reality.â
*
âThe power of story is rarely on our radar. Instead, we put our faith in the power of the beautiful words themselves to lure readers, thus mistaking the wrapping paper for the present.â
(Lisa Cron, Story Genius)
Mardi 15 août
Jâai un fichier intitulĂ© Vademecum de lâĂ©crivain, dans lequel je note au fil de lâenvie et des besoins des informations utiles pour mes Ă©crits : mĂ©thodologies dâĂ©criture, listes de prĂ©noms, traits de caractĂšre, incises de dialogues, etc., etc.
Dans un monde idĂ©al, je le remplirais systĂ©matiquementâ; le contenu, ordonnĂ©, pourrait ĂȘtre partagĂ© avec la communauté⊠et nous pourrions crĂ©er tous ensemble une encyclopĂ©die pratique de lâart dâĂ©crire.
Mercredi 16 août
Que des gens puissent traverser leur vie sans vouloir se connaitre me laisse perplexe. Câest une attitude Ă lâopposĂ© de la mienne. La seule mission qui compte Ă mes yeux, câest dĂ©couvrir qui lâon est. Il ne sâagit pas lĂ dâĂ©goĂŻsme ou dâĂ©gocentrisme : quand on se connait, on interagit mieux avec son environnement. AprĂšs tout, nul humain est une ile. Ce qui sĂ©pare la vie intĂ©rieure de lâextĂ©rieur est trĂšs poreux : les deux sâinfluencent constamment. Quand on amĂ©liore lâune, lâautre en profite pareillement.Â
Nous nâavons quâune vie : nâest-il pas vital de comprendre qui se cache derriĂšre ce «âjeâ»â?
Samedi 19 août
Ă la bibliothĂšque de Sheffield, jâai trouvĂ© What Makes This Book So Great de Jo Walton, un recueil de ses chroniques publiĂ©es sur Tor.com de 2008 Ă 2011.
PlutĂŽt que de chroniquer les derniĂšres sorties, lâĂ©crivaine de SF britannique, qui vit au Canada, partage les rĂ©flexions que lui inspirent ses relectures : câest lâoccasion de revisiter ces grands romans de fantasy et de science-fiction et de mettre en avant les Ă©lĂ©ments qui justifient quâon les relise.
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Je crois avoir dĂ©jĂ notĂ© ici que ce quâil manque au genre de la romance, câest ce type dâinitiatives patrimoniales. La romance est encore un genre anhistorique, ou plutĂŽt dont lâhistoire est si peu connue par ses lecteurices que câest comme si elle nâen avait pas. La SFFF, au contraire, que ça soit dans lâanglophonie ou la francophonie, dispose dâune histoire qui est mise rĂ©guliĂšrement en avant (ce qui a certainement facilitĂ© son entrĂ©e dans le milieu acadĂ©mique). Il y a des listes de «âclassiquesâ» que chacun se doit dâavoir lus â ou du moins de connaitre. On réédite mĂȘme des romans du XIXĂšme ou de la premiĂšre moitiĂ© du XXĂšme siĂšcle (avec plus ou moins de bonheur).Â
La romance, quant Ă elle, prĂ©tend quâelle nâa pas de passĂ© et nâĂ©crit que pour lâici et le maintenant : les nouveaux romans semblent effacer les anciens⊠Je soupçonne que tout cela changera dans les annĂ©es Ă venir : aprĂšs le polar et la SFFF, câest autour de la romance dâacquĂ©rir ses lettres de noblesse, et pour cela, elle doit mettre au jour sa gĂ©nĂ©alogie.
Dimanche 20 août
«âEn science-fiction, on peut avoir nâimporte quel type dâhistoire â une romance, un roman policier, une rĂ©flexion sur la nature humaine, ou rien du tout. Et les possibilitĂ©s sont infinies. On peut raconter des histoires diffĂ©rentes sur la nature humaine quand il est possible de la comparer Ă la nature dâun androĂŻde ou dâun extraterrestre. On peut lâexaminer sous un angle diffĂ©rent quand on Ă©crit sur des gens qui vivent deux siĂšcles, sont sĂ©parĂ©s par des annĂ©es-lumiĂšre ou sont victimes dâune malĂ©diction. On a davantage de couleurs sur notre palette, davantage de lumiĂšres pour illuminer notre scĂšne.
Mais le problĂšme avec les littĂ©ratures de genre, câest que les auteurices sâemparent de ces lumiĂšres et de ces couleurs supplĂ©mentaires pour les mettre partout, comme si le fait que le rĂ©sultat soit colorĂ© ou brillant se suffisait Ă lui-mĂȘme, ce qui est loin dâĂȘtre le cas malheureusement. Ainsi, lâĂ©chec le plus frĂ©quent des littĂ©ratures de genre, câest dâavoir des histoires superficielles avec des personnages peu convaincants qui sont seulement rachetĂ©s par les machinations dâun sorcier malĂ©fique, par lâĂ©conomie fascinante du transport interstellaire, etc.Â
Ce que je veux, câest des histoires aussi bien Ă©crites et caractĂ©risĂ©es que Middlemarch, mais avec davantage de possibilitĂ©s dans le dĂ©roulĂ© de lâhistoire. Câest ce que jâespĂšre toujours, et câest ce que jâobtiens quand je lis le meilleur de la SF. »
Jo Walton, What Makes This Book So Great (2014, trad. dâEnzo Daumier)
Mercredi 30 août
Wedding Plan, câest fini. Jâai apprĂ©ciĂ© le format court : sept Ă©pisodes nâautorisent aucune longueur. CâĂ©tait mignon, ça se termine bien (normal, câest un BL â duh). En particulier, le dernier Ă©pisode est trĂšs bien fait, avec quelques scĂšnes hilarantes. Câest rare de finir en beautĂ©, mais MAME, la crĂ©atrice de la sĂ©rie, y parvient sans trop de mal.
Mais, comme avec beaucoup de BLs, ça manque dâambition. Sans parler de Namnuea qui manque de mordant⊠Et dans ce genre dâhistoires (oĂč le futur mariĂ© tombe amoureux de son wedding planner), des personnages narquois ou sarcastiques seraient presque une obligation : un caractĂšre doux et mignon semble mal adaptĂ© Ă la situation.
Dans Wedding Plan, il y a de nombreuses scĂšnes oĂč Lom est le top-dominateur typique et Nuea la donzelle effarouchĂ©e. Ces tropes sont les moins intĂ©ressants que le BL ait Ă offrir. Jâirai mĂȘme plus loin : ils nâexistent que pour satisfaire un public fĂ©minin biberonnĂ© aux sĂ©ries romantiques hĂ©tĂ©ros classiques. Quand le BL met en scĂšnes ces tropes, il se range du cĂŽtĂ© de lâhĂ©tĂ©ronorme et cesse de proposer un discours intĂ©ressant sur lâamour ou le fait dâĂȘtre queer. Il devient insipide : ça nâempĂȘche pas de passer un bon moment (qui nâaime pas les sucreries ou la barbe Ă papaâ?), mais aussitĂŽt vu aussitĂŽt oubliĂ©.
Jeudi 31 août
Il nâexiste pas de BL idĂ©al⊠Nâimporte quel trope fonctionne tant quâon lâemploie intelligemment.Â
Je suis sĂ»r quâon finirait par me faire aimer un top dominateur et un bottom soumis (mĂȘme si ce nâest pas gagnĂ© dâavanceâ!).Â
Le problĂšme, câest quand lâĂ©quipe crĂ©atrice, ne souhaitant pas remettre en cause les lieux communs, prĂ©fĂšre enfiler les clichĂ©s les uns aprĂšs les autres. Elle produit une soupe indigeste, divertissante au mieux, au pire insupportable. (Imaginez le rĂ©sultat quand on ajoute de mauvais acteurs.) Afin de donner naissance Ă des histoires intĂ©ressantes et mĂ©morables, il faut aimer le genre du BL avec une passion fĂ©roce, mais cette derniĂšre ne saurait ĂȘtre aveugle : un Ćil critique, portĂ© sur la production prĂ©cĂ©dente, est indispensable. Qui aime bien chĂątie bien. Sans exigence, on ne crĂ©e rien de bon.