La vue depuis les marges

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Journal - juillet & août 2023

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Les tribulations d’un auteur queer dans le monde.
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Journal - juillet & août 2023

OĂč Enzo rattrape son retard...

Sep 4, 2023
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Journal - juillet & août 2023

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Tu peux trouver la version éditée complÚte de ce journal sur mon site internet.
La version intĂ©grale (fautes et anglicismes inclus) est disponible dans mon jardin numĂ©rique, Sylves. La publication s’y fait au jour le jour.

J’applique ici l’orthographe rectifiĂ©e (good-bye les petits accents circonflexes !).


Il y a quelques jours, je notais dans mon journal :

“Au sujet de la newsletter : (
) Il est peut-ĂȘtre temps que je retourne Ă  mon exploration de l’homoromance et de la production LGBTQ+. J’ai envie de partager le fruit de mes lectures, rĂ©pondre Ă  des questions (mĂȘme les plus absurdes ou les plus incongrues) que mes lecteurices pourraient avoir, prĂ©senter quelques Ɠuvres ou faire dĂ©couvrir des artistes-crĂ©ateurices.”

Du coup :

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Et allons plus loin : pourquoi ne pas m’envoyer les questions que tu te poses sur l’homoromance et le reste ? J’y rĂ©pondrai le plus sĂ©rieusement possible (ou pas !).

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So long!

Enzo


Samedi 1 juillet

Dans Pure Light, Violette Banks montre comment une autrice française peut écrire un roman qui se passe à Bangkok avec des personnages autochtones ou britanniques sans que ça fasse carton-pùte. Elle est donc le contre-exemple de ce que je disais hier.

À mon avis, elle y arrive parce que son style n’est pas descriptif : peu importe oĂč se passe la scĂšne (que ce soit en Europe, en AmĂ©rique du Nord ou en Asie), elle nous donne peu d’indices sur le lieu (les bruits, les odeurs, les tempĂ©ratures et l’humiditĂ©). Elle insĂšre aussi peu de mots thaĂŻ, mais indique clairement comment les honorifiques fonctionnent (p' et nong, etc.) et donnent des exemples prĂ©cis de la vie quotidienne (comment commander un taxi, ce qu’il faut Ă©viter de faire dans le mĂ©tro, etc.), ce qui suffit Ă  nous faire sentir que nous sommes Ă  Bangkok et que l’autrice a fait les recherches nĂ©cessaires (assez pour faire croire qu’elle s’y est dĂ©jĂ  rendue, mĂȘme si ce n’est pas le cas).

J’ai beaucoup aimĂ© le portrait qu’elle dresse de l’industrie du BL thaĂŻlandais, car il Ă©tait documentĂ©, prĂ©cis et juste
 Elle laisse deviner ses zones d’ombres sans pour autant les discuter (un choix que je respecte).

Enfin, je ne crois pas avoir lu de romances aussi slow-burn que Pure Light. Ça mijote si lentement que l’amour pourrait se faire passer pour de l’amitiĂ©. Les personnages principaux ne prennent conscience de leurs sentiments qu’à la fin, quand il est presque trop tard. L’absence de cul (ou presque) et de tension sexuelle a rendu la lecture agrĂ©able ; dans le genre hypersexualisĂ© du M/M, ce type de choix est reposant.


Lundi 3 juillet

Pourquoi partageons-nous notre quotidien, nos pensĂ©es, avec des Ă©trangers sur les rĂ©seaux sociaux ? Quel(s) besoin(s), exactement, satisfaisons-nous ? Celui de tenir une cour ? Celui d’ĂȘtre rassuré·e ? Celui d’avoir de l’influence ? De faire du bruit, d’occuper la place ou de laisser une trace derriĂšre soi ?

J’aimerais croire que c’est pour le partage
 mais le vrai partage n’existe pas sans une Ă©coute sincĂšre. Il est impossible quand on souhaite dominer un dĂ©bat ou avoir raison Ă  tout prix. Ce n’est pas non plus du partage si on impose aux autres des faits, des opinions, des avis qu’iels n’ont pas demandĂ©.


Lundi 05 juin

Le format court des sĂ©ries japonaises est celui que je prĂ©fĂšre. Je n’aime pas les sĂ©ries Ă  rallonge, en particulier chinoises, qui se dĂ©veloppent sans forme et, semble-t-il, sans fin. Leur pouls est mou ; mon intĂ©rĂȘt se fane assez vite. J’ai besoin d’une tension et d’une direction : ce qui m’intĂ©resse, c’est la progression de l’intrigue, mĂȘme dans les romances. Je veux des enjeux.

Si j’en crois mes prĂ©fĂ©rences, la Goldilocks zone des sĂ©ries asiatiques se situe entre 10 et 14 Ă©pisodes : en deçà, on aimerait passer davantage de temps avec les personnages (surtout si le concept ou l’histoire sont originaux) ; au-delĂ , il y a de fortes chances que certains Ă©pisodes ne servent Ă  rien.

Le format corĂ©en de 16 épisodes (d’une heure et des poussiĂšres chacun) est un peu longuet, mĂȘme quand on les regarde en accĂ©lĂ©rĂ©. Les plus insupportables sont ces sĂ©ries romantiques si lentes qu’on finirait par s’endormir devant l’écran. (La derniĂšre que j’ai regardĂ©e : Call It Love avec Lee Sung Kyung et Kim Young Kwang.)


Dimanche 9 juillet

Pour ĂȘtre heureux, il faut se mĂ©fier de son instinct, de cette petite voix qui nous murmure que l’on vivrait mieux (ou tout aussi bien) sans la compagnie d’autrui.

Quand on ne veut voir personne, il y a de fortes chances que ce dont on a besoin soit l’inverse (de la compagnie, oui, mais peut-ĂȘtre pas la compagnie habituelle qui a vidĂ© nos batteries).

Nous sommes des créatures sociales. Nous avons toustes besoin de chaleur humaine.

*

Rien ne remplace une bonne discussion (de visu ou au téléphone) avec un·e ami·e. 

Quand je discute avec StĂ©phane, pendant quelques heures, je me sens plus lĂ©ger, moins seul (c’est comme si nous redevenions les deux collĂ©giens que nous avons Ă©tĂ©, sauf que maintenant nous discutons de politique, de nos vies amoureuses et sexuelles, de nos tracas professionnels et de la fin du monde). Ce que nous nous disons n’est pas toujours joyeux, mais mon humeur (et, j’ose espĂ©rer, la sienne) est toujours meilleure aprĂšs.


Mardi 11 juillet

Dans sa Masterclasse, l’écrivain Xavier MaumĂ©jean explique sa maniĂšre d’écrire un roman :

« Je ne procĂšde pas par journĂ©es, j’ai le sentiment que ma maniĂšre de travailler est une maniĂšre picturale. Toutes proportions gardĂ©es Ă©videmment, je compare ça au travail de Jackson Pollock ; je crĂ©e, mettons, deux-cents fichiers et au fil de mes recherches, je diffuse l’information dans les fichiers, mais sans me soucier de l’intrigue, sans me soucier de la narration, et petit Ă  petit, vont se dĂ©tacher des Ă©lĂ©ments. Quand les fichiers sont ouverts, c’est visuel. C’est une approche formelle, classique qui fait que je n’écris jamais dans la continuitĂ©, j’écris souvent la premiĂšre phrase et la derniĂšre phrase, mon point de dĂ©part et mon point d’arrivĂ©e et ensuite, ça dĂ©pend de la richesse de la documentation, de l’envie du moment, je peux aussi Ă©crire le chapitre 24 et ensuite, le chapitre 3. Je ne relis pas, je quitte le chapitre et il est Ă©crit. Je ne lisse pratiquement pas. D’ailleurs, j’aime bien dire “Il ne me reste plus qu’à rĂ©diger”, parce que c’est vrai. Pendant des mois, j’ai la reprĂ©sentation visuelle des chapitres et je pioche. Le style lui-mĂȘme est justifiĂ© par le projet, j’essaie de n’avoir jamais le mĂȘme style selon les romans (
) »

*

Un jour, il faudra que je m’essaye Ă  Ă©crire un roman dans le dĂ©sordre. Je ne suis pas sĂ»r d’en ĂȘtre capable : j’écris les miens comme je les lirais, dans l’ordre. Quand je suis d’humeur audacieuse, j’intervertis deux chapitres.

Les seuls projets que je me verrais bien composer dans le dĂ©sordre sont Ă©clatĂ©s, des recueils de textes fragmentĂ©s oĂč l’histoire est discontinue et partielle. Des potpourris, comme Always Coming Home de Le Guin, oĂč l’unitĂ© n’existe que dans la diversitĂ© chaotique du texte.

Dans mes carnets, je note ces idĂ©es d’ouvrages, mais je ne les Ă©cris jamais, peut-ĂȘtre parce que je ne suis pas sĂ»r de la mĂ©thode Ă  suivre. J’ai besoin d’ordre pour calmer ma nature anxieuse.


Jeudi 13 juillet

Hier, j’ai dĂ©couvert l’existence de la psychologie culturelle, qui explore le lien entre psychologie et culture (rien de surprenant vu le nom).

J’ai appris que la maniĂšre de penser occidentale Ă©tait diffĂ©rente de la pensĂ©e asiatique
 que cette diffĂ©rence n’était pas seulement linguistique (les mots recouvrent diffĂ©rentes rĂ©alitĂ©s), mais qu’elle Ă©tait structurelle. 

La pensĂ©e occidentale est analytique tandis que l’approche orientale est holistique : par exemple, en Europe, nous prĂ©fĂ©rons noter les spĂ©cificitĂ©s d’un objet (une table est une surface plane et horizontale qui repose sur quatre pieds ou un piĂštement central) tandis qu’en Asie, c’est le contexte qui apparait en premier (c’est autour d’une table que les gens d’une mĂȘme communautĂ© mangent). 

Cette diffĂ©rence fondamentale de penser le monde se retrouve dans le design des pages web : l’Occident promeut le minimalisme, oĂč l’on focalise l’attention sur une seule information de crainte de submerger l’utilisateur, tandis que l’Orient aime la densitĂ©, car l'utilisatrice est habituĂ©e Ă  gĂ©rer davantage d'information en mĂȘme temps. 

Pareillement, on retrouve cette diffĂ©rence dans les Ă©missions de divertissement : en Asie, l’écran est surchargĂ© d’animations, de citations et de commentaires
 Il se passe tellement de choses que le spectateur occidental ne sait plus ce qu’iel doit regarder. MĂȘme His Man, le dating show corĂ©en, qui n’est pas le pire en la matiĂšre, cite et rĂ©sume constamment ce que les participants se disent.

Ce que je trouve fascinant avec ces variations culturelles, c’est qu’elles nous rappellent qu’aucune culture n’a davantage raison que sa voisine : certes, nous sommes dĂ©routé·es par certaines pratiques qui nous semblent aller Ă  l’encontre de la logique (ou du bon gout), mais ça ne veut pas dire que les autres ont tort pour autant. Il n’y a pas une bonne et une mauvaise maniĂšre de regarder le monde. C’est une leçon d’humilitĂ© qu’il serait bon de propager sur les rĂ©seaux sociaux.


Dimanche 16 juillet

Harrogate est situĂ©e au nord de Leeds, Ă  1 h 30 de Sheffield en voiture. Cette ville n’est pas sans rappeler la sĂ©duisante Bath. Elle a une belle architecture et une taille relativement modeste (env. 70 000 habitants). Pendant des gĂ©nĂ©rations, ses eaux pures ont attirĂ© les souffreteux riches et influents
 Et une balade dans ses rues ou ses espaces verts prouve que l’argent est encore prĂ©sent. Harrogate est bourgeoise dans ses gouts comme dans ses maniĂšres.

*

Mon rĂȘve, c’est de vivre dans une jolie ville comme celle-ci (la bourgeoisie m’insupporte, mais je suis prĂȘt Ă  quelques sacrifices pour une meilleure qualitĂ© de vie). Je m’imagine dans une belle maison, spacieuse mais pas pour autant immense. À l’abri des regards si possible.

Comme on n’en trouve aucune Ă  Harrogate qui soit en dessous d’un demi-million de pounds, autant dire que ça n’arrivera pas. Ma carriĂšre ne me permettra jamais ce train de vie. Si j’avais Ă©tĂ© obsĂ©dĂ© par l’argent, j'aurais travaillĂ© dans le secteur bancaire et non dans l'administration universitaire.

*

Il reste, Ă©videmment, la loterie
 C’est une sorte de deus ex machina quand on planifie ou rĂȘve sa vie. Je crois sincĂšrement que j’ai moins de chance d’écrire un bestseller que de gagner le jackpot de l’EuroMillions. De deux scĂ©narios improbables, le second est quand mĂȘme plus probable que le premier. 

Imaginons une seconde un auteur de romances gay, Ă©crites en langue française, qui connait un succĂšs tel qu’il devient aussi riche qu’un gagnant de l’EuroMillions (disons, 17 millions d’euros).
Je rĂ©pĂšte, car il faut faire un grand effort d'imagination : un auteur français de romances gay. 17 millions d’euros. Allez, comme je me sens d’humeur gĂ©nĂ©reuse, baissons Ă  un million d’euros

Non, mĂȘme avec un deal Netflix, signĂ© sur un malentendu, c’est tout bonnement impossible.

Évidemment, si le destin veut me troller Ă  l’échelle cosmique, j’accepte d’ĂȘtre la victime de ce foutage de gueule et de devenir le premier auteur de romances gays français Ă  connaitre un succĂšs similaire Ă  Twilight, Fifty Shades ou HP. En attendant, j'ai achetĂ© mon billet pour le prochain tirage de l'EuroMillions. Il vaut mieux ĂȘtre prudent.


Jeudi 20 juillet

Quand j’étais adolescent, c’était la fiction qui m’importait le plus. Être Ă©crivain, c’était Ă©crire des romans (ou des nouvelles).

Durant ma vingtaine, j’ai prĂȘtĂ© attention aux autres genres. Je me suis intĂ©ressĂ© Ă  ce que l’on nomme ici la « non-fiction » : les essais, les documentaires, les biographies, les journaux, les blogs, les rĂ©cits de voyage, les livres de dĂ©veloppement personnel, que sais-je encore ?

Maintenant, ĂȘtre Ă©crivain ne veut plus dire ĂȘtre romancier
 De toute maniĂšre, je lis moins de fiction que de non-fiction, car d’autres mĂ©dias (sĂ©ries TV et films) ont pris le relai. J’étanche ma soif de storytelling diffĂ©remment. C’est tout.

Maintenant, ĂȘtre Ă©crivain, ça veut dire prĂȘter attention aux mots que l’on utilise. C’est ĂȘtre un artisan du verbe. Peu importe ce que l’on Ă©crit, peu importe les genres.


Vendredi 21 juillet

Je trouve intĂ©ressant qu’on me rappelle (comme dans la sĂ©rie corĂ©enne, Doctor Cha, disponible sur Netflix) que toutes les histoires n’ont pas besoin d’une romance
 et que le personnage principal est en droit de rejeter les avances d’un docteur, extrĂȘmement sexy et bien plus jeune qu’elle.

C’est dĂ©cevant, certes (il Ă©tait vraiment sexy et avait tout pour plaire), mais logique : l’épanouissement personnel ne passe pas obligatoirement par le couple. 

La romance voudrait nous faire croire qu’elle est le remĂšde Ă  tous les maux, que le cĂ©libat est synonyme d'inquiĂ©tude, de solitude et de frustration


L’épanouissement peut, et devrait, se trouver ailleurs. Pourquoi dĂ©pendre d’une autre personne pour connaitre son happy end ?


Mardi 25 juillet

Il s’agit d’une fugue. Quand je rĂȘvasse Ă  la belle maison que je pourrais gagner grĂące Ă  la loterie, je ne pense pas Ă  ma vie telle qu’elle est maintenant ; je ne rĂ©flĂ©chis pas plus Ă  la maniĂšre de la changer. J’imagine une situation diffĂ©rente qui ne m’aura demandĂ© aucun effort, ni aucun sacrifice : je me berce d’illusions. Ce que je semble vouloir, ce n’est pas une vie diffĂ©rente ou meilleure, c’est une vie facile.


Vendredi 28 juillet

Le Petit Ă©loge de la poĂ©sie me donne des envies d’écrire un Ă©loge de l’homoromance. 

Je me demande quelle forme ce texte prendrait, ce que je pourrais Ă©crire au sujet du BL et du MM
 Ai-je seulement quelque chose d’intĂ©ressant Ă  dire sur toutes ces productions que je consomme au quotidien ? 

Je suis d’un naturel critique (je suis français aprĂšs tout), j’ignore si je peux faire l’éloge sans ĂȘtre tentĂ© de dĂ©zinguer mon sujet en mĂȘme temps. ÌdÄ« et amƍ, toussa, toussa. 

Me connaissant, je serais obligĂ© de nommer mon petit livre « éloge paradoxal de l’homoromance ».


Dimanche 30 juillet

Je deviens de plus en plus allergique Ă  la masturbation intellectuelle. Je ne supporte plus ces textes qui confondent une forme « jolie », voire opaque, avec du contenu profond. En rĂ©alitĂ©, ils sont creux, ils ne disent rien et ne veulent rien dire. La syntaxe et le vocabulaire endimanchĂ©s ne sont pas les marqueurs d’une pensĂ©e supĂ©rieure ou mieux aboutie. C’est de la poudre aux yeux.

Je viens de terminer ma lecture du Petit Ă©loge de la poĂ©sie. Les deux tiers, voire les trois quarts, sont de la branlette. J-P SimĂ©on se fait mousser et fait mousser son sujet, et ce, sans jamais citer un seul poĂšme. Il s’agit d’un essai « hors-sol », un peu comme les tomates qu’on nous vend au supermarchĂ©. Ça nourrit mal l’esprit.


Mercredi 02 août

Il y a des gens pour croire que le « fan service » (oĂč deux acteurs prĂ©tendent sortir ensemble), c’est la vĂ©ritĂ© vraie, et non une transaction commerciale oĂč le fan paie pour voir les acteurs se cĂąliner en direct. Rien n’est vrai dans le « fan service », ou, du moins, tout est exagĂ©ré 

Le fan service, qui brouille les cartes entre rĂ©alitĂ© et fantasme, ne saurait, pour autant, servir d’excuse au harcĂšlement que ces acteurs subissent de maniĂšre rĂ©guliĂšre. Ils ont droit Ă  leur vie privĂ©e, ils ont droit d’avoir un petit-ami ou une petite-amie, ils ont droit de garder cette partie-là
 eh bien
 privĂ©e. Ils n’ont de compte Ă  rendre Ă  personne ; aucune excuse Ă  prĂ©senter Ă  quiconque. 

Le fan service n’est pas un esclavage ; les fans ne possĂšdent pas leurs stars. Les dĂ©rives que l’on voit dans le milieu du BL/GL thaĂŻlandais, par exemple, sont choquantes
 Et je ne crois pas qu’on puisse balayer de la main ces comportements en affirmant que les acteurices, jouant avec le feu, savent dans quoi iels s’engagent. Rien ne justifiera jamais que l’on viole l’intimitĂ© de quelqu’un pour satisfaire les dĂ©sirs Ă©goĂŻstes de la populace.


Jeudi 03 août

L'ennemi de l'écrivain·e, c'est la vie quotidienne, celle qui nous détourne de nos préoccupations artistiques (petites comme grandes). Boulot, famille, tracas, tout est bon pour voler notre temps et notre énergie si bien qu'il ne nous en reste peu ou plus à consacrer à ce qui nous importe.
Mais c'est cette mĂȘme vie quotidienne qui sert de terreau Ă  notre imaginaire et sans laquelle nos Ă©crits seraient pauvres et inintĂ©ressants. Pour bien Ă©crire, il faut donc vivre pleinement, mĂȘme si on court le risque de n'avoir plus le temps d'Ă©crire...


Samedi 05 août

En Occident, on voit beaucoup d’histoires d’amour sur le petit Ă©cran, mais le genre de la romance est, finalement, assez peu prĂ©sent dans les sĂ©ries TV. L’amour est un condiment que le retrouve partout, la sauce qu’on utilise pour relever n’importe quelle histoire, mais rarement le plat principal (c’est-Ă -dire la prĂ©occupation principale de la sĂ©rie).

La romance a colonisé les films (surtout au moment de Noël), mais pas vraiment les séries TV. 

XO, Kitty et Heartstopper sont deux exceptions notables qui semblent confirmer la rĂšgle : la premiĂšre, qui se passe en CorĂ©e, a pour modĂšle Ă©vident toute la production romantique corĂ©enne ; la seconde surfe sur la vague du BL asiatique en proposant son Ă©quivalent occidental.

Car s’il y a bien une grande diffĂ©rence entre l’Occident et l’Asie, c’est que cette derniĂšre n’a pas honte de produire de la romance, de la vraie, de la dĂ©goulinante. La CorĂ©e du Sud en a fait son beurre
 la hallyu ne se limitant pas Ă  la K-pop et Ă  BTS.


Dimanche 06 août

Hier soir, StĂ©phane m’a demandĂ© pourquoi nous n’avions pas de BL sur nos petits Ă©crans occidentaux. (Heartstopper Ă©tant encore l’exception qui semble confirmer la rĂšgle.)

La communautĂ© internationale du BL est la preuve que le public est prĂ©sent mĂȘme dans notre partie du monde. Le succĂšs littĂ©raire de la romance M/M aux États-Unis et en Europe n’est plus Ă  prouver. Ça doit donc ĂȘtre commercialement viable de produire du BL sous nos tropiques


Je m’explique ce phĂ©nomĂšne ainsi :

  1. MalgrĂ© son succĂšs commercial, la romance est encore mal vue ; et le BL est un sous-genre de la romance, un genre encore perçu comme Ă©tant fĂ©minin. Des histoires d’hommes qui aiment des hommes pour un public de femmes : c'est une combo qui n’intĂ©resse pas les mecs cis-hĂ©t qui commissionnent les sĂ©ries TV. Voyons lĂ  des relents de misogynie et d’homophobie.

  2. Il existe deux maniĂšres de traiter une histoire d’amour entre hommes : une maniĂšre rĂ©aliste (on parle alors de production LGBTQ+) ou une maniĂšre idĂ©alisĂ©e (avec son Happy Ever After, c’est ce que l’on nomme le BL). En Occident, nous avons toute une tradition de films LGBT, qui dĂ©peignent les affres de l’amour gay. Nous aimons ce qui finit mal, c’est tragique Ă  souhait. Il n’y a pas d’amour heureux, toussa, toussa. Le bonheur nous est suspect. MĂȘme si les choses Ă©voluent, les gays occidentaux ont Ă©tĂ© biberonnĂ©s Ă  cette vision pessimiste de l’amour homosexuel : l’optimisme naĂŻf du BL les met mal Ă  l’aise. Ce sont des codes qu’ils ne possĂšdent pas. Ce qui veut dire que, lorsqu’ils parviennent Ă  produire une histoire d’amour entre hommes pour le petit ou le grand Ă©cran, la modalitĂ© qu’ils choisissent n’est pas celle du BL.

*

Il est intĂ©ressant de noter qu’Heartstopper a Ă©tĂ© imaginĂ© par une femme, et non un homme gay. Et son succĂšs immĂ©diat, mĂȘme parmi la communautĂ© gay, est la preuve qu’il existe en Occident un besoin d’histoires d’amour entre hommes idĂ©alisĂ©es et optimistes.


Lundi 07 août

Voilà pourquoi 180 Degree Longitude Passes Through Us est une série LGBT et non du BL. 

Le scĂ©nariste et rĂ©alisateur, Punnasak Sukee, est influencĂ© par la littĂ©rature et le cinĂ©ma gay occidentaux : quand Inthawut fait lire le Banquet de Platon Ă  Wang, l’imaginaire qui est invoquĂ© est celui d’une relation pĂ©dĂ©rastique entre un Ă©raste et un Ă©romĂšne, c’est-Ă -dire un homme plus ĂągĂ© qui s’amourache d’un jeune Ă©phĂšbe (ici le fils de sa meilleure amie).

Comme il s’agit d’une tĂ©lĂ©sĂ©rie LGBT, 180 Degree Longitude explore les consĂ©quences de cet amour naissant, condamnĂ© Ă  ĂȘtre avortĂ©. MalgrĂ© l’intensitĂ© des Ă©motions de Wang, Inthawut, un « vieux gay » qui a intĂ©riorisĂ© l’homophobie de sa jeunesse et a vĂ©cu sa vie dans le regret et la frustration, se dĂ©file dans le dernier Ă©pisode. Tout cela dĂ©montre encore une fois que, dans la production gay de veine traditionnelle, il n’y a pas d’amour heureux.

Si cette sĂ©rie se dĂ©marque des autres productions homoromantiques thaĂŻes, elle sonne aussi un peu faux, comme si on avait forcĂ© l’histoire Ă  prendre une direction qui ne s’imposait pas d’elle-mĂȘme
 Quand les spectateurices savent qu’une fin heureuse est possible (et c’est lĂ  toute la force du BL : dire au monde entier que les hommes qui aiment les hommes ne sont pas condamnĂ©s au malheur et aux fins tragiques), le pessimisme final (certain·es prĂ©fĂ©reraient sans doute parler de rĂ©alisme doux-amer) apparait comme gratuit et arbitraire.

De nos jours, condamner l’amour queer Ă  la tragĂ©die n’est plus que la marque d’une oeuvre d’art qui veut qu’on la prenne au sĂ©rieux, et ce Ă  tout prix.Jeudi 22 juin

Cela fait des annĂ©es que StĂ©phane (@SeriesEater) me demande d’écrire une suite aux Chroniques de Dormeveille. 

Plusieurs continuations possibles apparaissent sur cette vieille liste
 J’avais mĂȘme commencĂ© Ă  travailler sur un projet qui se passerait Ă  Sheffield et oĂč l’on retrouverait Louis, Roberta et Leigh, avec de nouveaux personnages (dont le demi-frĂšre de Raiden). 

Au final, la pandĂ©mie et ses confinements Ă  rĂ©pĂ©tition l’auront tuĂ© dans l’Ɠuf. Ma tentative de m’approprier Sheffield, comme je l’avais fait avec Oxford, a Ă©choué  et je n’ai plus eu envie de retenter le coup. 

Je préfÚre maintenant retourner dans le monde imaginaire de mon adolescence et oublier que je vis en Brexitland. 

Ces derniĂšres annĂ©es, mes gouts et mes aspirations ont Ă©voluĂ©. Je suis certainement plus dĂ©sabusĂ© que je ne l’étais en 2019
 et je ne suis plus celui qui a publiĂ© Dormeveille en 2017-18. 

J'ai mĂȘme dĂ©sertĂ© le milieu du M/M pour squatter celui du BL.

(Les mauvaises langues feront remarquer que le changement est minime : s'il s'agit encore et toujours d'hétéros à moitié à poil qui prétendent aimer d'autres mecs... En somme, le MM et le BL, c'est Tweedledum et Tweedledee avec des pecs et des abdos.)


Mercredi 09 août

Pourquoi est-ce que j’écris ? Je sais pourquoi j’écris ce journal, car ça rĂ©pond Ă  un besoin que j’ai de clarifier ma pensĂ©e et d’en garder la trace. En le publiant, I pay forward, c’est-Ă -dire que je le partage dans l’espoir que mes lecteurices pourront s’en servir comme un terreau pour leurs propres rĂ©flexions, comme j’ai utilisĂ©, et utilise encore, les journaux et les blogs des autres.

Ce qui est moins clair, toutefois, c’est la raison pour laquelle j’écris de la fiction. Peut-ĂȘtre parce que j’ai commencĂ© il y a plus de vingt ans, quand j’étais quelqu’un d’autre, un adolescent, coincĂ© dans sa caverne, qui ne connaissait le monde qu’indirectement, et donc faussement. À l’époque, l’écriture me permettait d’exister. J’avais espoir qu’elle prouverait ma valeur et ma lĂ©gitimitĂ© Ă  vivre dans ce monde dans lequel je ne semblais pas ĂȘtre le bienvenu. 

Maintenant, je ne sais plus trop. C’est peut-ĂȘtre pourquoi, depuis quelques mois, quelques annĂ©es mĂȘme, j’ai une crise de foi
 J’ai besoin de clarifier mes motivations, sans quoi cet entredeux s’éternisera.


Jeudi 10 août

Tentation de dĂ©peindre le parc Ă  cĂŽtĂ© de chez moi et les effets du soleil matinal sur ce dernier
 cette beautĂ© qu’il serait si facile de montrer sur une photo mais que je suis incapable de dĂ©crire avec des mots. Il faudrait que j’emploie des artifices littĂ©raires, c’est-Ă -dire que je remplace une beautĂ© visuelle par l’élĂ©gance des mots et de leurs sonoritĂ©s. 

DĂ©crire le parc tel qu’il est : lumiĂšre d’or qui traverse horizontalement les branches et se rĂ©flĂ©chit sur les feuillages verts ; cette description, pourtant la plus correcte et la plus juste, ne suscite aucune Ă©motion quand on la lit
 Or il semble que le plus important dans cet acte de partage soit de provoquer une Ă©motion chez les lecteurices, et donc de recrĂ©er artificiellement un Ă©moi, qui n’est pas celui que j’ai ressenti. 

Pour ĂȘtre le plus juste, il ne faut donc pas ĂȘtre fidĂšle Ă  la rĂ©alité ; la littĂ©rature impose une maniĂšre diffĂ©rente de dire le vrai.


Lundi 14 août

‘We don’t turn to story to escape reality. We turn to story to navigate reality.’

*

‘The power of story is rarely on our radar. Instead, we put our faith in the power of the beautiful words themselves to lure readers, thus mistaking the wrapping paper for the present.’

(Lisa Cron, Story Genius)


Mardi 15 août

J’ai un fichier intitulĂ© Vademecum de l’écrivain, dans lequel je note au fil de l’envie et des besoins des informations utiles pour mes Ă©crits : mĂ©thodologies d’écriture, listes de prĂ©noms, traits de caractĂšre, incises de dialogues, etc., etc.

Dans un monde idĂ©al, je le remplirais systĂ©matiquement ; le contenu, ordonnĂ©, pourrait ĂȘtre partagĂ© avec la communauté  et nous pourrions crĂ©er tous ensemble une encyclopĂ©die pratique de l’art d’écrire.


Mercredi 16 août

Que des gens puissent traverser leur vie sans vouloir se connaitre me laisse perplexe. C’est une attitude Ă  l’opposĂ© de la mienne. La seule mission qui compte Ă  mes yeux, c’est dĂ©couvrir qui l’on est. Il ne s’agit pas lĂ  d’égoĂŻsme ou d’égocentrisme : quand on se connait, on interagit mieux avec son environnement. AprĂšs tout, nul humain est une ile. Ce qui sĂ©pare la vie intĂ©rieure de l’extĂ©rieur est trĂšs poreux : les deux s’influencent constamment. Quand on amĂ©liore l’une, l’autre en profite pareillement. 

Nous n’avons qu’une vie : n’est-il pas vital de comprendre qui se cache derriĂšre ce « je » ?


Samedi 19 août

À la bibliothĂšque de Sheffield, j’ai trouvĂ© What Makes This Book So Great de Jo Walton, un recueil de ses chroniques publiĂ©es sur Tor.com de 2008 Ă  2011.

PlutĂŽt que de chroniquer les derniĂšres sorties, l’écrivaine de SF britannique, qui vit au Canada, partage les rĂ©flexions que lui inspirent ses relectures : c’est l’occasion de revisiter ces grands romans de fantasy et de science-fiction et de mettre en avant les Ă©lĂ©ments qui justifient qu’on les relise.

*

Je crois avoir dĂ©jĂ  notĂ© ici que ce qu’il manque au genre de la romance, c’est ce type d’initiatives patrimoniales. La romance est encore un genre anhistorique, ou plutĂŽt dont l’histoire est si peu connue par ses lecteurices que c’est comme si elle n’en avait pas. La SFFF, au contraire, que ça soit dans l’anglophonie ou la francophonie, dispose d’une histoire qui est mise rĂ©guliĂšrement en avant (ce qui a certainement facilitĂ© son entrĂ©e dans le milieu acadĂ©mique). Il y a des listes de « classiques » que chacun se doit d’avoir lus — ou du moins de connaitre. On réédite mĂȘme des romans du XIXĂšme ou de la premiĂšre moitiĂ© du XXĂšme siĂšcle (avec plus ou moins de bonheur). 

La romance, quant Ă  elle, prĂ©tend qu’elle n’a pas de passĂ© et n’écrit que pour l’ici et le maintenant : les nouveaux romans semblent effacer les anciens
 Je soupçonne que tout cela changera dans les annĂ©es Ă  venir : aprĂšs le polar et la SFFF, c’est autour de la romance d’acquĂ©rir ses lettres de noblesse, et pour cela, elle doit mettre au jour sa gĂ©nĂ©alogie.


Dimanche 20 août

« En science-fiction, on peut avoir n’importe quel type d’histoire — une romance, un roman policier, une rĂ©flexion sur la nature humaine, ou rien du tout. Et les possibilitĂ©s sont infinies. On peut raconter des histoires diffĂ©rentes sur la nature humaine quand il est possible de la comparer Ă  la nature d’un androĂŻde ou d’un extraterrestre. On peut l’examiner sous un angle diffĂ©rent quand on Ă©crit sur des gens qui vivent deux siĂšcles, sont sĂ©parĂ©s par des annĂ©es-lumiĂšre ou sont victimes d’une malĂ©diction. On a davantage de couleurs sur notre palette, davantage de lumiĂšres pour illuminer notre scĂšne.

Mais le problĂšme avec les littĂ©ratures de genre, c’est que les auteurices s’emparent de ces lumiĂšres et de ces couleurs supplĂ©mentaires pour les mettre partout, comme si le fait que le rĂ©sultat soit colorĂ© ou brillant se suffisait Ă  lui-mĂȘme, ce qui est loin d’ĂȘtre le cas malheureusement. Ainsi, l’échec le plus frĂ©quent des littĂ©ratures de genre, c’est d’avoir des histoires superficielles avec des personnages peu convaincants qui sont seulement rachetĂ©s par les machinations d’un sorcier malĂ©fique, par l’économie fascinante du transport interstellaire, etc. 

Ce que je veux, c’est des histoires aussi bien Ă©crites et caractĂ©risĂ©es que Middlemarch, mais avec davantage de possibilitĂ©s dans le dĂ©roulĂ© de l’histoire. C’est ce que j’espĂšre toujours, et c’est ce que j’obtiens quand je lis le meilleur de la SF. »

Jo Walton, What Makes This Book So Great (2014, trad. d’Enzo Daumier)


Mercredi 30 août

Wedding Plan, c’est fini. J’ai apprĂ©ciĂ© le format court : sept Ă©pisodes n’autorisent aucune longueur. C’était mignon, ça se termine bien (normal, c’est un BL — duh). En particulier, le dernier Ă©pisode est trĂšs bien fait, avec quelques scĂšnes hilarantes. C’est rare de finir en beautĂ©, mais MAME, la crĂ©atrice de la sĂ©rie, y parvient sans trop de mal.

Mais, comme avec beaucoup de BLs, ça manque d’ambition. Sans parler de Namnuea qui manque de mordant
 Et dans ce genre d’histoires (oĂč le futur mariĂ© tombe amoureux de son wedding planner), des personnages narquois ou sarcastiques seraient presque une obligation : un caractĂšre doux et mignon semble mal adaptĂ© Ă  la situation.

Dans Wedding Plan, il y a de nombreuses scĂšnes oĂč Lom est le top-dominateur typique et Nuea la donzelle effarouchĂ©e. Ces tropes sont les moins intĂ©ressants que le BL ait Ă  offrir. J’irai mĂȘme plus loin : ils n’existent que pour satisfaire un public fĂ©minin biberonnĂ© aux sĂ©ries romantiques hĂ©tĂ©ros classiques. Quand le BL met en scĂšnes ces tropes, il se range du cĂŽtĂ© de l’hĂ©tĂ©ronorme et cesse de proposer un discours intĂ©ressant sur l’amour ou le fait d’ĂȘtre queer. Il devient insipide : ça n’empĂȘche pas de passer un bon moment (qui n’aime pas les sucreries ou la barbe Ă  papa ?), mais aussitĂŽt vu aussitĂŽt oubliĂ©.


Jeudi 31 août

Il n’existe pas de BL idĂ©al
 N’importe quel trope fonctionne tant qu’on l’emploie intelligemment. 

Je suis sĂ»r qu’on finirait par me faire aimer un top dominateur et un bottom soumis (mĂȘme si ce n’est pas gagnĂ© d’avance !). 

Le problĂšme, c’est quand l’équipe crĂ©atrice, ne souhaitant pas remettre en cause les lieux communs, prĂ©fĂšre enfiler les clichĂ©s les uns aprĂšs les autres. Elle produit une soupe indigeste, divertissante au mieux, au pire insupportable. (Imaginez le rĂ©sultat quand on ajoute de mauvais acteurs.) Afin de donner naissance Ă  des histoires intĂ©ressantes et mĂ©morables, il faut aimer le genre du BL avec une passion fĂ©roce, mais cette derniĂšre ne saurait ĂȘtre aveugle : un Ɠil critique, portĂ© sur la production prĂ©cĂ©dente, est indispensable. Qui aime bien chĂątie bien. Sans exigence, on ne crĂ©e rien de bon.

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Journal - juillet & août 2023

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