Tu peux trouver la version éditée complÚte de ce journal sur mon site internet.
La version intĂ©grale (fautes et anglicismes inclus) est disponible dans mon jardin numĂ©rique, Sylves. La publication sây fait au jour le jour.
Jâapplique ici lâorthographe rectifiĂ©e (good-bye les petits accents circonflexes !). Si une de ces entrĂ©es rĂ©sonne tout particuliĂšrement en toi, nâhĂ©site pas Ă me le dire, ici ou sur les rĂ©seaux sociaux.
So long!
Enzo
Samedi 01 juin
Visite Ă la librairie dâoccasion de Kelham Island, oĂč le petit rayon de littĂ©rature en langue française avait de nouveaux bouquins.Â
Jâai achetĂ© Mythologies de Barthes, les Nouvelles romaines/Racconti romani de Pier Paolo Pasolini en Ă©dition bilingue et les Nouvelles complĂštes de Marcel AymĂ© publiĂ©es chez Quarto Gallimard.
Des achats dĂ©couverte, en somme, car le seul que jâai jamais lu, câest Barthes (durant mes Ă©tudes littĂ©raires, il y a une Ă©ternitĂ©). Pasolini et AymĂ©, je ne les connaissais que de nom. (Et encore⊠AymĂ© mâest pour ainsi dire inconnu.)
Sur trois auteurs, deux sont homosexuels : câest pas mal pour un premier jour du Pride Month.
Dimanche 02 juin
AprĂšs avoir vu Lovely Runner (qui nâa aucun rapport avec la course, quâon se le dise), je suis revenu Ă Doctor Slump, dont jâavais vu le premier Ă©pisode plus tĂŽt dans la semaine, sans ĂȘtre convaincu.Â
Les sĂ©ries corĂ©ennes, avec leurs seize Ă©pisodes de plus dâune heure, se vivent comme des marathons⊠et comme je suis impatient, je les regarde dâaffilĂ©e, Ă toute vitesse. Ce qui mâintĂ©resse, câest de voir comment lâarc narratif se dĂ©veloppe. Un visionnage fragmentĂ© (en regardant un Ă©pisode par jour, par exemple) ne me permettrait pas dâavoir cette vision dâensemble.
TrÚs souvent, la fin des romances coréennes me frustre, car elles succombent à la malédiction de la séparation des amants, un trope-cliché devenu malheureusement incontournable.
 Et câest sur ce point que Lovely Runner mâa surpris : le dernier Ă©pisode est entiĂšrement dĂ©diĂ© Ă la romance des protagonistes. Un Ă©pisode entierâ! De lâinĂ©ditâ! JusquâĂ la fin, jâai cru que le mĂ©chant allait revenir⊠ce qui ne mâa pas permis de me dĂ©tendre et de profiter, comme il fallait, de ces scĂšnes charmantes.
Lundi 03 juin
Je regarde Ă nouveau Lost Romance, une sĂ©rie taĂŻwanaise de vingt Ă©pisodes (1 h 10 chacun), oĂč la protagoniste se retrouve projetĂ©e dans une romance. Ăditrice et fine connaisseuse du genre, elle dĂ©cide de sĂ©duire lâoverbearing CEO en utilisant sa connaissance des tropes romantiques.Â
Câest exactement ce que jâaimerais Ă©crire : un roman qui est en mĂȘme temps un commentaire du genre auquel il appartient. Une romance sur lâunivers des romancesâ!
Pour relier cette entrĂ©e Ă celle de vendredi dernier, Lost Romance appartient certainement au genre de lâisekai.
Mardi 04 juin
«âLes rĂȘves ne sont pas des inventions intentionnelles et volontaires, mais au contraire des phĂ©nomĂšnes naturels et qui ne diffĂšrent pas de ce quâils reprĂ©sentent. Ils nâillusionnent pas, ne mentent pas, ne dĂ©forment ni ne maquillentâ; au contraire, ils annoncent naĂŻvement ce quâils sont et ce quâils pensent. Ils ne sont agaçants et trompeurs que parce que nous ne les comprenons pas. [âŠ] LâexpĂ©rience montre [âŠ] quâils sâefforcent toujours dâexprimer quelque chose que le moi ne sait et ne comprend pas.â» (C.G. Jung, Psychologie et Ă©ducation)
Mercredi 05 juin
De Jung, jâaime son travail sur les symboles, les mythes et les archĂ©types. Je le prĂ©fĂšre Ă Freud, qui ne mâa jamais emballĂ©. (Trop paternaliste, certainement.)
Un Ă©crivain ne peut quâĂȘtre sĂ©duit par les recherches de Jung : aprĂšs tout, la littĂ©rature se nourrit elle aussi de cette matiĂšre mythique et symbolique.
La seconde partie du livre de FrĂ©dĂ©ric Lenoir est consacrĂ©e Ă lâexposĂ© de ses idĂ©es (anima/animus, synchronicitĂ©, persona, le Soi, etc.). Je mâaperçois que j'ai aimĂ© davantage la premiĂšre partie qui Ă©tait biographique. Les deux sont bien Ă©crites, dans une langue simple et claire, mais une biographie me parle plus que des dĂ©finitions et des concepts.Â
Jâai un gout certain pour la rĂ©flexion, comme en tĂ©moigne ce journal, mais assez peu finalement pour la thĂ©orie, surtout si elle mâapparait dĂ©connectĂ©e de la (/ma) rĂ©alitĂ©. JâĂ©prouve le mĂȘme ennui que lorsque je lis un texte sur le stoĂŻcisme qui sâefforce dâexposer ce qui en relĂšve et ce qui nâen relĂšve pas. Jâaime la philosophie pratique, car elle nous enseigne comment mieux vivreâ; je nâaime pas quand la recherche de la sagesse sâenferme dans sa tour dâivoire.
Jeudi 06 juin
Chaque semaine, invariablement, la newsletter de Courtney Milan me parle. Je nâai jamais lu ses romans, mais ce quâelle raconte dans son Weekly Tea semble trouver un Ă©cho en moi. JâapprĂ©cie cette rĂ©sonance. Nous avons peut-ĂȘtre une personnalitĂ© similaireâ; je ne peux pas le savoir : elle vit Ă lâautre bout du monde.
Aujourdâhui, grĂące Ă elle, jâai mĂ©ditĂ© sur la place de lâamour inconditionnel dans ma vie. Câest un concept dâautant plus intĂ©ressant quâil mâest Ă©tranger. Lâhomo que je suis ne semble connaitre que lâamour conditionnel : je dois me comporter de telle ou telle sorte pour que la sociĂ©tĂ© me tolĂšre (ou mâaime). MĂȘme quand je mâĂ©mancipe de lâhĂ©tĂ©ronorme, je ne me dĂ©barrasse pas facilement de la vision du monde (et de moi) que jâai construite sous son joug.Â
Vivre lâamour inconditionnel, câest faire lâexpĂ©rience dans sa chair, dans ses os (et pas seulement en thĂ©orie), dâune vĂ©ritĂ© tellement simple quâelle en apparait rĂ©volutionnaire : ĂȘtre au monde, tel que lâon est, sans avoir besoin de faire quoi que ce soit, est suffisant pour mĂ©riter lâamour, non seulement des autres, mais surtout de soi.
Vendredi 07 juin
«âPlus la raison critique prĂ©domine, plus la vie sâappauvritâ; mais plus nous sommes aptes Ă rendre conscient ce qui est inconscient et ce qui est mythe, plus est grande la quantitĂ© de vie que nous intĂ©grons. La surestimation de la raison a ceci de commun avec un pouvoir dâĂ©tat absolu : sous sa domination, lâindividu dĂ©pĂ©rit.â» (C.G. Jung, LâHomme et ses symboles)
Samedi 08 juin
Ces derniĂšres annĂ©es, les Ćuvres qui mâont inspirĂ© sont principalement audiovisuelles. Câest encore le cas avec The Atypical Family (sur Netflix). Le scĂ©nario est extrĂȘmement bien menĂ© et les personnages attachants. Que demander de plusâ? Une version gay, Ă©videmment.Â
Je passe une grande partie de mon temps Ă me demander comment traduire de telles histoires.Â
Traduire⊠Non pas au sens linguistique, mais aux sens gĂ©nĂ©rique et social. Comment passe-t-on de lâĂ©cran Ă la pageâ? Quels sont les Ă©lĂ©ments qui doivent changer et ceux qui peuvent rester tels quels afin de produire un effet similaire ?Â
Mais aussi : comment passe-t-on dâune histoire hĂ©tĂ©ronormĂ©e asiatique Ă une romance homosexuelle occidentaleâ? (Il ne me viendrait jamais Ă lâidĂ©e dâĂ©crire un roman qui se passe en Asie si je nây vivais pas moi-mĂȘme.) En particulier, que faire des tropes du mariage dans une histoire gayâ?
Si jâeffectuais toutes ces modifications, est-ce que lâhistoire me plairait autantâ? Devinerait-on encore la version originaleâ?
Dimanche 09 juin
Peu importe si lâidĂ©e est extravagante ou ridicule Ă premiĂšre vue, lâessentiel est de la rendre crĂ©dible. LâexĂ©cution est donc ce qui importe le plus. La lectrice acceptera lâimpossible ou lâimprobable tant que lâhistoire est bien faite et que tous les Ă©lĂ©ments du rĂ©cit vont dans le mĂȘme sens. Câest ainsi que lâon crĂ©e la vraisemblance.Â
Est vraisemblable ce qui est crĂ©dible Ă lâintĂ©rieur du rĂ©cit. Si le lecteur accepte de suspendre son incrĂ©dulitĂ©, câest parce que lâautrice promet une histoire logique qui fait sensâŠÂ
Dans certains genres (comme la SFFF), cette logique est interne : une Ă©cole de sorciers dans un Archipel oĂč existent des dragons est vraisemblable seulement si les rĂšgles de ce monde (cĂ d le worldbuilding) le permettent. Savoir si une telle Ă©cole existe dans notre rĂ©alitĂ© est sans importance : Terremer n'en est pas moins crĂ©dible aux yeux du lecteur.
L'erreur, me semble-t-il, c'est de croire que la vraisemblance naßt d'une reproduction servile du réel.
Lundi 10 juin
Je lis Our Radiant Ambers, le premier roman de fantasy urbaine romantique de Zarah Detand. Câest trĂšs bien fait. Je retrouve ce que jâai aimĂ© dans ses romances MM prĂ©cĂ©dentes : lâattention du dĂ©tail, les dialogues pleins dâesprit, des personnages attachants, etc. Les Ă©lĂ©ments de fantasy, bien quâessentiels Ă lâintrigue, nâencombrent pas la lecture : câest parfait pour les lectrices qui nâaiment pas trop sâaventurer en dehors des romances rĂ©alistes.
Mardi 11 juin
Dans Our Radiant Ambers, la rupture amoureuse (ou plutĂŽt le moment oĂč la sĂ©paration des amants prend fin) est maladroite : le protagoniste sâeffraye Ă la suite dâun incident prĂ©visible, quitte celui quâil aime, puis, une semaine plus tard, sâeffraye Ă nouveau quand ce dernier sâĂ©vanouitâ; il dĂ©cide alors quâil nâaurait pas dĂ» le quitter et retourne auprĂšs de son amant, penaud.Â
Dans la vraie vie, ce genre de retournement arrive tout le temps. On rompt, on regrette, on essaye de se faire pardonner. Dans une romance, on attend quelque chose de plus original. Si lâintrigue fantastique fournit le motif de la rupture, il est prĂ©fĂ©rable quâelle soit aussi Ă lâorigine de ce rabibochage.
En somme, on veut du grand spectacle, car la romance ne saurait ĂȘtre banale dans un roman de fantasy urbaine au risque de dĂ©sappointer le lecteur.
Mercredi 12 juin
Sur les rĂ©seaux sociaux, un·e auteurice sâamuse Ă donner Ă lire des passages Ă©crits par ses soins et dâautres (rĂ©)Ă©crits par une IA. Il sâagit de la mĂȘme scĂšne Ă chaque fois : le contenu est donc relativement identique. Les extraits sont courts Ă dessein, car, laissĂ©e Ă elle-mĂȘme, lâIA finit par halluciner.
RĂ©sultat : un certain nombre de lecteurices prĂ©fĂšre ce qui est produit par lâIA, croyant que câest lâauteurice qui lâa Ă©crit. Moment de gĂȘne dans les commentaires quand iels sâen aperçoivent.Â
Copiant le style de lâauteurice, lâIA Ă©crit avec une plus grande Ă©lĂ©gance et une habiletĂ© plus consommĂ©e. La phrase se fait moins boursoufflĂ©e, ce qui en amĂ©liore la lecture.Â
Je ne sais pas si câĂ©tait ce que lâauteurice en question souhaitait dĂ©montrer. Jâen doute fortement, mais j'ai apprĂ©ciĂ© cette dĂ©monstration quoi qu'il en soit.
Ăvidemment, la supĂ©rioritĂ© de lâIA nâest que ponctuelle. Elle sert dâassistante Ă©ditoriale, proposant des amĂ©liorations que lâauteurice peut suivre sâiel y trouve de lâintĂ©rĂȘt.Â
Qui sait de quoi elle sera capable dans six mois ou un an.
Jeudi 13 juin
Le drama politique français Ă lâapproche des Ă©lections lĂ©gislatives nâa rien Ă envier aux dĂ©lires dâoutre-Manche que lâon endure depuis Brexit. Câest rafraichissant.
Vendredi 14 juin
Misogynie dans les mouvements spirituels et religieux.
«âNous observons le mĂȘme phĂ©nomĂšne curieux dans les grandes religions du monde qui rejettent le fĂ©minin et rĂ©vĂšrent le masculin. Le principe fĂ©minin a traditionnellement Ă©tĂ© rejetĂ©, car il est perçu comme faible et inutile pour permettre un vĂ©ritable progrĂšs sur le chemin spirituel. Par exemple, (âŠ) la discrimination, ou la capacitĂ© intuitive Ă distinguer le rĂ©el de lâirrĂ©el, est vue comme la principale condition pour progresser dans le Vedanta. Elle est qualifiĂ©e de trait masculin et privilĂ©giĂ©e par rapport Ă la dĂ©votion, une qualitĂ© fĂ©minine. Dans dâautres traditions, le seul progrĂšs spirituel que les femmes peuvent espĂ©rer est de se rĂ©incarner en hommes, car on pense que seuls les hommes peuvent atteindre la libĂ©ration ou lâaffranchissement de la souffrance.â»
(Shakti Rising: Embracing Shadow and Light on the Goddess Path to Wholeness de Kavitha M. Chinnaiyan MD, trad. DeepL & ED)
Lundi 17 juin
Lors du passage de lâanalogue au numĂ©rique, je nâai gardĂ© que les livres. Je nâachĂšte plus de DVD, de CD, etc. Je me suis laissĂ© sĂ©duire par la nouvelle Ă©conomie de lâabonnement (Netflix, Apple Music, etc.), mĂȘme si ça veut dire que je ne possĂšde plus rien et que, le plus souvent, je laisse aux algorithmes le soin de faire un choix Ă ma place.Â
Quant Ă ce que jâai vraiment achetĂ© en numĂ©rique, jâaccepte le fait quâun jour, je nâaurai plus accĂšs Ă ces produits culturels. Amazon, Apple et compagnie peuvent changer les rĂšgles Ă tout moment et fermer notre compte. Ainsi soit-il.
Mardi 18 juin
La seconde partie du mois est une joie, car câest Ă ce moment-lĂ que je reçois les quatre thĂ©s de mon coffret dĂ©couverte. La derniĂšre fois, c'Ă©tait un voyage sur l'Ăźle de TaĂŻwan.
Aujourdâhui, câest un thĂ© vert de Huangshan (Ding Gu Da Fang), un thĂ© noir de Qimen (Keemun Jin Zhen Golden Needle), tous les deux situĂ©s dans la province de lâAnhui, un oolong de Guangdong/Canton (Dan Cong Huang Zhi Xiang) et un thĂ© blanc du Yunnan (Bai Ya White Bud).
Ce dernier est composĂ© de nouvelles pousses Ă peine sĂ©chĂ©esâ; sa liqueur est transparente. Je crois que je suis en train de dĂ©velopper une prĂ©fĂ©rence pour les thĂ©s blancs.
Le mois prochain, nous explorerons des thés du Pacifique.
Mercredi 19 juin
Si Sheffield nâĂ©tait pas situĂ© dans une rĂ©gion aussi nuageuse, la vie y serait trĂšs agrĂ©able. Ce nâest pas tant les tempĂ©ratures basses qui me gĂȘnent que cette grisaille constante, qui finit par saper le moral. Quand le soleil apparait, mon regard sur ce qui mâentoure devient plus positif. Je dois ĂȘtre une crĂ©ature hĂ©liotrope.
Jeudi 20 juin
Je nâai pas encore 37 ans, mais je sens la crise de la quarantaine approcher Ă grands pas. Lâinsatisfaction de ces derniers mois, gĂ©nĂ©ralisĂ©e Ă tous les aspects de ma vie, dont lâĂ©criture (pauvre de moiâ!), est un signe quâil faut changer quelque chose⊠Je crois deviner une direction, un futur oĂč je serais davantage satisfait de mon existence, mais je ne veux rien brusquer.Â
Mes explorations du Tao mâont enseignĂ© quâil ne faut pas forcer les choses : nager Ă contrecourant de notre existence ne fait quâĂ©puiser le peu dâĂ©nergie que nous avonsâ; il faut se laisser porter, tout en se tenant prĂȘt Ă saisir lâopportunitĂ© lorsquâelle se prĂ©sentera, car elle finit toujours par se prĂ©senter (mais peut-ĂȘtre pas sous la forme que lâon attendait).
Vendredi 21 juin
La colĂšre, une Ă©motion Ă laquelle je me soumets rarement, est Ă©puisante. Elle sape mes forces et finit par mâemplir de honte. Je me voudrais calme et imperturbable en toute circonstance. Mais jâai mes limites et quand on les transgresse, il est utile de rappeler que je ne suis pas du genre Ă tout accepter sans mot dire. Pire peut-ĂȘtre, quand jâarrive au bout de ma patience, les gens dĂ©couvrent, non sans une certaine stupĂ©faction, que je ne pardonne pas.
Samedi 22 juin
«âEmpire of Deathâ», lâĂ©pisode de fin de saison de Doctor Who, est dĂ©cevant (câest un euphĂ©misme). Il cristallise le ressenti mitigĂ© que jâai Ă©prouvĂ© durant toute la saison.Â
Trop souvent, Russell T Davies (un scĂ©nariste que jâadmire beaucoup pourtant) a fait preuve de complaisance dans lâĂ©criture de ses Ă©pisodes, ne se donnant pas la peine dâapporter une explication satisfaisante aux intrigues.Â
La relation entre le Doctor et Ruby nâest pas bien approfondie, ni dĂ©veloppĂ©e de maniĂšre logique (les Ă©pisodes Ă©taient-ils seulement dans le bon ordreâ?), si bien que la scĂšne de sĂ©paration entre les deux nâest pas aussi Ă©mouvante quâelle aurait pu lâĂȘtre.Â
Heureusement, des Ă©pisodes comme «âBoomâ» et «âRogueâ» ont remontĂ© le niveau de cette saison 14. Mais notons, comme Ă regret, quâils ont Ă©tĂ© Ă©crits par dâautres scĂ©naristes.
Dimanche 23 juin
Nous arrivons Ă la fin du mois de juin â mois durant lequel je mâĂ©tais promis de ne rien faire, car câest lâune des pĂ©riodes les plus Ă©prouvantes au boulot.
TrĂšs bientĂŽt donc, il va falloir repenser Ă lâĂ©criture et Ă ces questions sans rĂ©ponse qui mâont prĂ©occupĂ© ces derniers mois. Ăa me fatigue dâavance. Puis-je procrastinerâ?
Lundi 24 juin
«âNotre grande erreur est dâessayer dâobtenir de chacun en particulier les vertus quâil nâa pas, et de nĂ©gliger de cultiver celles quâil possĂšde.â» (Marguerite Yourcenar, MĂ©moires d'Hadrien)
Mardi 25 juin
Notre sortie Ă Lincoln, pour lâanniversaire de mon mari, a Ă©tĂ© lâoccasion dâacheter du thĂ© noir pu-erh (câest-Ă -dire post-fermentĂ©).Â
Mon abonnement dĂ©couverte, dont jâai parlĂ© ici, a changĂ© le regard que je porte sur le thé⊠et, par extension, lâavis que je me fais des boutiques qui en vendent.
Celle de Lincoln, oĂč nous allons chaque fois, a une sĂ©lection trĂšs limitĂ©e de thĂ©s blancs (et la plupart sont parfumĂ©s, qui Ă la vanille, qui Ă l'ananas...).Â
Du coup, de retour Ă Sheffield, jâai commandĂ© du Bitaco White de Colombie â le mĂȘme que jâavais reçu dans ma premiĂšre boite dĂ©couverte. 11,25 £ pour 50 grammes â ça reste abordable, mĂȘme si ce nâest pas donnĂ©. Câest vrai que le thĂ© blanc est gĂ©nĂ©ralement plus cher que le noir ou le vert, puisque seules les jeunes pousses sont rĂ©coltĂ©es.
Mercredi 26 juin
Je viens de reprendre ma lecture de Pair de lâEmpire (Servent of the Empire) de Feist et Wurst, toujours en traduction française. Câest un peu longuet, mais le rĂ©cit est plaisant.
Jâai tellement lu de mauvaises traductions de lâanglais (merci la romance MM) que je ne cesse dâĂȘtre surpris par lâexcellente qualitĂ©, la bonne tenue, de la langue dâAnne VĂ©tillard. Je suis admiratif de son travail.Â
(Et en rĂ©digeant cette entrĂ©e, je dĂ©couvre quâelle est morte le 1er avril dernier Ă lâĂąge de soixante ans. Quelle mauvaise blague.)
Jeudi 27 juin
Les joies algorithmiques.
En ce moment, Twitter, câest un tiers Ă©lections françaises, un tiers Ă©lections anglaises et un tiers sur les sĂ©ries Boys' love.Â
Threads, câest presque 100 % des posts dâauteurs anglophones et francophones, et câest insupportable. Ăa chouine de tous les cĂŽtĂ©s. Look at me, look at me, why donât you look at me?!
Et quand ça ne chouine pas, ça sâenrage (parfois Ă raison, parfois par simple habitude).
Bien sĂ»r, je mâinclus dans ce constat, car je ne fais pas exception. Ce qui ne fait que mâagacer davantage.
Vendredi 28 juin
Faire des lecteurs les responsables du gatekeeping (c.-Ă -d. chargĂ©s de faire le tri), quand ce rĂŽle a Ă©tĂ© longtemps tenu par les Ă©diteurices, ne me semble pas ĂȘtre une amĂ©lioration, mais une manifestation supplĂ©mentaire de lâemmerdification de notre quotidien.
Câest vrai que lâautoĂ©dition a permis lâĂ©mergence de voix minorisĂ©es sur le marchĂ© du livre. De nos jours, il est possible de lire des romans qui nâauraient jamais Ă©tĂ© Ă©ditĂ©s, car on ne pensait pas quâils Ă©taient «âcommercialement viablesâ». La plus-value est incontestable, mĂȘme si le travail Ă©ditorial, Ă lâoccasion, peut laisser Ă dĂ©sirer.
Il serait donc facile de dĂ©signer les pauvres auteurs autoĂ©ditĂ©s comme les responsables de cette emmerdification, puisque tout est devenu publiable par nâimporte qui.
Mais la saturation du marchĂ© du livre sâexplique surtout par les choix commerciaux des maisons dâĂ©dition qui ont multipliĂ© leurs publications, souvent sans Ă©gard pour la qualitĂ© finale. Quand un livre nâa que deux semaines pour faire ses preuves avant de finir au pilon, importe-t-il vraiment encore de veiller Ă ce que son histoire tienne la route, quâelle soit bien Ă©crite et parfaitement corrigĂ©eâ?
Samedi 29 juin
Le milieu de Pair de lâEmpire mâa fait passer une excellente soirĂ©e de lecture : mĂȘme si les descriptions sont un peu trop longues Ă mon gout (et jâai donc lu certains paragraphes en diagonale), les Ă©vĂšnements sont passionnants. Il y a une vĂ©ritable intensitĂ©Â : on tourne la page, on se couche tard pour connaitre la suite.Â
Je rĂ©alise Ă quel point les romans avec des intrigues politiques sont ma came, surtout si elles sont (un peu) violentes. (Jâavais dĂ©vorĂ© Imperium de Robert Harris dont lâhistoire est centrĂ©e sur CicĂ©ron.)
Comme toujours, ce genre de coups de cĆur littĂ©raire alimente mes envies dâĂ©critureâŠ
Dimanche 30 juin
En ce moment, Ă©crire ce journal me donne lâimpression de gratter les fonds de pots Ă la recherche dâune once dâinspiration.