Hello,
En september 2020, deux mois après la sortie du Youtubeur, en véritable prestidigitateur, j'ai disparu de la surface de la Terre. Si, si, je t'assure, totale disparition.
« Il est passé où Enzo ?
– Il est entré dans le monde du BL. On ne le reverra plus.
– Bon débarras ! »
Picture this : un auteur de romances gay, entouré de beaux éphèbes, en train de siroter des piñas coladas sur une plage en Thaïlande. Enzo living the dream.
Un rêve. Oui. C'est le terme.
Coincé en Angleterre, entre deux confinements, je n'ai pas eu d'autres choix que de m'évader. Certes, mon corps est resté en Brexitland, mais mon imagination, elle, est allée se dorer la pilule en Asie.
Pendant deux années, j'ai dévoré des centaines de séries TV, de Thaïlande, de Corée du Sud, des Philippines, du Vietnam, de Taiwan1 et de Chine. Beaucoup mettaient en scène des hommes qui aiment les hommes, joués par des acteurs qui aiment les femmes, à destination de femmes qui aiment les hommes2. Tu suis toujours ? Bref, beaucoup de séries boys love mais aussi de nombreuses séries hétéros (car il a bien fallu alimenter mon addiction).
Je n'ai pas été le seul à m'absenter durant ces années de pandémie. Je suis sûr que, toi aussi, tu as déserté certaines activités pour survivre à ces mois difficiles et que tu as essayé d'autres hobbies. Peut-être même que la curiosité, comme moi, t'a poussé jusqu'en Asie et que si je mentionne les mots BL, idol, BTS, fan service, tes yeux s'illuminent.
Je te reconnais, tu me reconnais : nous faisons tous les deux partie de ce petit groupe - véritable élite de la culture internationale3.
Si ce que je te dis ne te parle pas, passe donc ton chemin, mécréant.
(Non, non, reste, je déconne - je suis pro-inclusion et prosélytiste de nature. You will join us pretty soon.)
Et l'écriture dans tout ça ?
Ces deux années n'ont pas été vides. J'aime te faire croire que je suis le parangon du dilettantisme, et il est vrai que je suis un procrastinateur de première classe, mais il m'arrive parfois de m'ébrouer, de m'atteler à un projet, de cravacher pendant des semaines entières afin de pondre un texte4. Puis, je retombe dans la torpeur, souvent durant l'hiver, et je ne ressors de ma caverne5 qu'au printemps.
Bref, tout ce verbiage pour dire que j'ai commencé, l'an dernier, une série littéraire de fantasy, intitulée Le Démon blanc de Fleur-Éclose.
D'inspiration sino-romaine, il s'agit de ma réponse à The Untamed, la fameuse série BL chinoise6. On y trouve des spectres, des esclaves à la langue bien pendue, des princes snobs (ne le sont-ils pas tous ?), des familles dysfonctionnelles et des clans de Sages Vertueux (qui ont, au final, assez peu de sagesse et de vertu).
Je ne sais pas encore quand je publierai cette série officiellement, ni sous quel format. Pour le moment, j'aimerais avoir écrit les trois épisodes de la saison 1 avant de prendre une décision7. L'épisode 1 a été écrit en 2021. Au début du mois d'août, j'ai commencé la rédaction du deuxième épisode... Bref, ça avance, mais la publication n'est pas pour demain.
Si le pitch du Démon blanc t'intrigue, sache que tu peux lire un premier jet de l'épisode 1 sur Plume d'Argent. C’est gratuit et tu n’as pas besoin de compte pour accéder au site. N'hésite pas à m'écrire pour me dire ce qui t'a plu et ce qui n'a pas fonctionné à tes yeux.
Cette newsletter : déménagement, envies et projets
J'ai décidé d'utiliser Substack pour gérer ma newsletter. Elle est, et restera, gratuite. Le déménagement a déjà eu lieu. Tu n'as donc rien à faire8.
Je souhaite aussi qu'elle soit plus fréquente. Une ou deux fois par mois, je viendrai discuter un bout avec toi. Pour le moment, la fréquence est encore incertaine, mais, cette année, c'est décidé, je vais m'y tenir.
Je vais être régulier et garder contact avec toi.
Je me suis aperçu que ces liens que nous tissons, c'est ce qui me tient, au final, qui me motive à me lever tous les matins à 5h30 pour écrire avant d'aller au boulot.
Pour autant, je ne vais pas abandonner mon addiction aux BL asiatiques (it's too late!), mais je vais prendre mon écriture au sérieux. Et si, pendant les longs mois d'hiver, tu sens que je faiblis, je t'autorise à venir me botter les fesses virtuellement.
De quoi est-ce tu veux que je parle dans ma newsletter ?
Evidemment, je causerai de mes projets d'écriture en cours, mais j'ai aussi envie de parler d'autres choses. Je suis bavard et curieux, donc il est évident que me limiter à un seul sujet est inenvisageable.
Si tu as d'autres idées, n'hésite pas à répondre à cette newsletter9 et à me dire ce qui te ferait plaisir.
Depuis quelques mois, devant ce monde qui semble partir à vau-l'eau, où les discussions se polarisent tellement que des gouffres se creusent entre nous, je suis de plus en plus convaincu que nous devons établir du lien et lutter contre le misérabilisme ambiant, dont je suis la première victime.
Etablir non pas du lien comme sur les réseaux sociaux (où les algorithmes veulent nous monter les uns contre les autres pour créer de "l'engagement"), mais un autre type de lien, fondé sur le respect et la bienveillance, la compassion et l'échange, la curiosité de l'autre et l'acceptation des différences (même quand elles nous choquent ou nous horripilent). Il est de notre devoir d'être humain décent (et vertueux !) de construire des ponts, plutôt que des citadelles. Je souhaite que cette newsletter soit une source de découvertes, d'émerveillement parfois, de joie le plus souvent - bref, où je cultiverai, avec ton aide, des émotions positives.
Plutôt que de me refermer sur moi-même, je veux m'ouvrir davantage au monde, à mes lecteurices, à mes ami.e.s... et cette newsletter jouera un rôle clé dans mon (notre ?) petit projet10.
Le coin culture
Cette semaine, j'ai terminé :
The Path, de Michael Puett (professeur d’Histoire chinoise à Harvard) et de Christine Gross-Loh (journaliste). Sous titré, "a new way to think about everything", ce petit livre, à travers neuf chapitres, passe en revue la philosophie chinoise et met en avant ce qu'elle peut apporter aux Occidentaux que nous sommes. Certains passages m'ont beaucoup enthousiasmé.
Il est important de noter que les philosophies antiques ne sont pas comme la philo contemporaine, étudiée au lycée ou à l'université. Leur but est résolument pratique : elles offrent un système, une méthode, des valeurs pour (mieux) gérer sa vie.
Depuis quelques années, côté romain, j'ai beaucoup lu sur (et essayé de pratiquer) le Stoïcisme. Ce livre m'a permis de m'ouvrir aux influences chinoises11.
Je lis :
Trois amis en quête de sagesse, de Christophe André, Alexandre Jollien et Matthieu Ricard. Livre acheté durant mon passage en France, cet été. Il s'agit d'une discussion entre "un moine, un philosophe et un psychiatre" sur le sens de la vie. Très facile d'accès, extrêmement riche en conseils, tu devrais y trouver quelque chose qui te parlera. Je te le conseille chaudement !
The Heroine's Journey, de Gail Carriger. Un grand merci à Vicky Saint-Ange, qui me l'a conseillé sur Twitter. Adressé aux écrivain.e.s, aux lecteurices et aux fans de pop culture, cet essai présente un autre parcours, tout aussi mythique et répandu dans la production contemporaine (romans comme films) que celui du "héros" (théorisé à l'origine par Joseph Campbell). Elle détaille les caractéristiques du voyage de l'"héroïne" (qui peut aussi être un homme, d'ailleurs), et les valeurs qui sous-tendent un tel voyage. Ecrit dans un style volontiers oral, et extrêmement drôle, cet essai devrait t'intéresser si tu aimes créer des histoires ou en consommer !
Of Charms, Ghosts and Grievances, d'Aliette de Bodard. Mon obsession avec le BL asiatique a eu pour effet de diminuer drastiquement mes lectures fictionnelles, mais les histoires d'Aliette de Bodard sont tellement ma came que je me fais une obligation de les lire dès leur sortie. Surtout quand il s'agit d'une aventure de l'adorable prince-dragon Thuan et de son mari, Asmodeus, un ange déchu sans pitié et pas commode.
De visite dans le royaume sub-aquatique des dragons de l'eau, qui ont investi le lit de la Seine depuis quelques générations, Thuan et Asmodeus se retrouvent embarqués dans une enquête. Seul problème ? Ils doivent résoudre un meurtre tout en s'occupant des neveux et nièces de Thuan...
Je regarde (entre autres) :
Extraordinary Attorney Woo - une série coréenne où la protagoniste, autiste savante, commence sa carrière d'avocate. Comme le titre l'indique, Woo est extraordinaire. La série se fait, tout à tour, drôle et touchante. Le jeu de l'actrice est remarquable, et les thématiques abordées sont résolument contemporaines et traitées avec beaucoup de finesse. Cette série se donne pour mission de faire évoluer les attitudes assez conservatrices de la Corée (et d'ailleurs). Une leçon magistrale.
J'ai vu quatre épisodes sur les 16 prévus. C'est disponible sur Netflix.
Voilà, ce sera tout pour aujourd’hui. Je m’en vais de ce pas profiter de la chaleur estivale - tellement rare à Sheffield qu’il ne faut pas la rater12.
J’espère que tu vas bien, que tu prends soin de toi et, surtout, que tu n’oublies pas de t’hydrater.
A très vite !
Enzo
Rhô la la, cette première newsletter montre, dès les premières lignes, l'engagement politique de son auteur. Scandale !
Voici résumée ma définition, un brin polémique, du Boys Love (BL).
Je me la joue un peu, mais comme on n'est jamais mieux servi que par soi-même...
Dis, Enzo, t'es gentil de jouer avec les métaphores, mais faut choisir : t'es un cheval ou une poule ?
Un ours, maintenant ?!
Disponible sur Netflix. Attention, malgré la qualité à géométrie variable et le format fleuve, c'est addictif.
D'ailleurs, je ne manquerai pas de te consulter à ce propos.
Sache qu'à tout moment, tu peux te désinscrire - il y a toujours un lien en bas d'email pour cela.
Je fais ici un énième coming out : assez introverti, je suis du genre à trouver mille excuses pour ne pas adresser la parole à quelqu'un que je ne connais pas (ou pas bien). Du coup, quand j'échange avec des proches, je compense par une logorrhée (c’est plus stylé que diarhée verbale, n'est-ce pas ?) épuisante. Bref, peut-être qu'un podcast serait plus indiqué pour canaliser mes bavardages, mais, pour commencer, focalisons-nous sur cette newsletter.
Mon imaginaire, ma vie plus largement, a été colonisée par les cultures asiatiques ces dernières années. Ça ne se limite pas au BL, oh non... J'ai même commencé à convertir mon mari.
Genre, il fait soleil. Ici ! à Sheffield ! Ouf de ouf.